Théorie des orbitales moléculaires
1 Théorie des orbitales moléculaires
1.1 Principe de la théorie des orbitales moléculaires
On commencera par l’atome d’hydrogène, le plus simple des éléments chimiques, et on étudiera, à partir de cette étude, la formation de la molécule de dihydrogène H2.
L’équation de SCHRÖDINGER a donné, on l'a vu, comme solution décrivant le comportement de l'électron unique de l'atome d'hydrogène, dans son état fondamental, la fonction d'onde Ψ1s.
La forme mathématique de cette fonction d'onde est, rappelons-le, la suivante:
Ici, dans le cas de l'hydrogène, Z vaut 1 et a0 désigne le rayon de la première orbite de BOHR, à savoir 0,53 angström.
On remarquera une indépendance vis-à-vis de θ et de Φ.
On remarquera à nouveau que le signe de Ψ est donné par celui de la partie radiale R(r). Le signe est évidemment positif puisque l'exponentielle est toujours positive.
A partir de là on va construire la molécule de dihydrogène H2 en utilisant une combinaison linéaire (opération purement mathématique) des orbitales Ψ1s de l'atome d'hydrogène « numéro 1 » et de l'atome d'hydrogène « numéro 2 » de la future molécule.
La combinaison linéaire des orbitales atomiques conduira à une "orbitale moléculaire".
Cette théorie est appelée de façon abrégée en français « C.L.O.A » ; c'est - à - dire « combinaison linéaire des orbitales atomiques » et, en anglais « L.C.A.O. », c'est - à - dire « linear combination of atomic orbitals ».
Il y aura, en fait, deux façons de combiner ces orbitales atomiques: une façon "constructive", qu’on appellera « liante », et une façon « destructrice », qu'on appellera « antiliante »:
- Façon « liante » de combiner les orbitales atomiques Ψ1s de deux atomes d'hydrogène:
Ψ+ moléculaire liante = AΨ1s (atome 1) + BΨ1s (atome 2) notée σ.
Avec A et B qui sont deux constantes de normalisation de la fonction Ψ moléculaire liante, de façon à ce que Ψ2 moléculaire liante soit, lorsqu'on intègre sur tout l'espace, égale à l'unité, c'est - à - dire avoir 100% de chances de trouver les électrons de liaison dans tout l'espace. A et B sont positifs. On additionne dans la façon liante les deux fonctions d'onde Ψ1s qui sont positives toutes les deux.
- Façon « antiliante » de combiner les orbitales atomiques Ψ1s de deux atomes d'hydrogène:
Ψ- moléculaire antiliante = AΨ1s (atome 1) - BΨ1s (atome 2) notée σ*.
A et B sont les mêmes constantes de normalisation que précédemment, lors de la combinaison linéaire "liante", mais on remarquera le signe moins entre les deux termes. La fonction d’onde Ψ1s étant positive on constate ici qu'on enlève une partie négative, en l'occurrence B. Ψ1s (atome 2) à une partie positive, en l'occurrence A. Ψ1s (atome 1).
Le développement de ces intégrales fait apparaître pour l’OM liante une zone de recouvrement entre les 2 noyaux ; qui correspond à la création d’une liaison chimique entre les 2 protons. L’OM antiliante montre aussi une probabilité de présence nulle des 2 électrons à égale distance de ces 2 noyaux.
L'idée de base pour une nouvelle représentation consiste à conserver la notion de particule, mais en abandonnant l'idée classique de la localisation de la particule sur une trajectoire. A une particule quantique, on associe une fonction appelée fonction d'onde, qui caractérise l'état de la particule. Les variables d'espace et de temps peuvent être séparées ainsi:
- ·Ψ (r,t) est une fonction mathématique réelle ou complexe qui n'a pas de signification physique propre.
- ·Ψ (r,t) ne permet pas de déterminer la trajectoire de la particule puisque cette notion n'a plus de sens.
- · En revanche, le carré du module Ψ2 ou le produit (Ψ*Ψ) si Ψ(r,t) est complexe a une signification physique, puisqu'il représente la densité de probabilité de présence de la particule en r à l'instant t. En d'autres termes, la probabilité dP de trouver la particule dans un élément de volume dV = dx.dy.dz, centré autour du point M(x,y,z), est donnée par la relation :
.
Quelques propriétés de Ψ
- Ψ est l'amplitude de la fonction d'onde associé à l'électron en mouvement.
- Ψ doit être stationnaire, c'est à dire reprendre périodiquement la même valeur en chaque point
- Ψ doit être normée: la probabilité de trouver l'électron dans tout l'espace autour du noyau doit être égale à 1, c'est - à - dire certaine.
- Ψ doit être continu, finie, univoque, dérivable (deux fois), s'annuler aux endroits où la particule ne peut se trouver (Ψ → 0 quand l'électron est à une distance infinie du noyau).
· On appelle recouvrement S de deux fonctions Ψi et Ψj , l'intégrale calculée sur tout l'espace du produit de par . Pour simplifier l'écriture on utilisera la notation de Paul Dirac :
Avec Ψi*: est la fonction complexe conjuguée de Ψi ; dV est un élément de volume infinitésimal.
- · Le recouvrement entre deux fonctions solutions Ψi et Ψj est nul. On dit que les fonctions sont orthogonales :
.
A partir de là on établira un diagramme énergétique des orbitales moléculaires de la molécule de dihydrogène:
Le remplissage des OM s’effectue en tenant compte :
du principe de stabilité : on commence par occuper les OM de plus basse énergie ;
du principe d’exclusion de Pauli : au maximum deux électrons dans une OM ;
de la règle de Hund : on occupe le maximum d’OM de même énergie ; les électrons ayant des spins parallèles.