cours Stratégies de développement
2 LES STRATÉGIES D’INDUSTRIALISATION
2.3 Le développement extraverti
Une partie des pays du tiers-monde va suivre une autre stratégie d’industrialisation, passant par une participation croissante au commerce international (développement extraverti*), suivant en cela les principes de la théorie néoclassique des avantages comparatifs, avec plus ou moins de succès.
L’exportation de produits primaires
Des PED dotés de ressources naturelles abondantes, comme le pétrole, vont suivre une stratégie classique de spécialisation dans l’exportation de ces produits primaires : ressources naturelles, produits agricoles, etc. Les ressources financières tirées de ces exportations doivent permettre d’importer des biens d’équipement pour favoriser l’industrialisation du pays. Comme nous l’avons vu précédemment, cette stratégie s’est avérée ruineuse pour nombre de pays spécialisés dans une monoculture, du fait de la dégradation des termes de l’échange, dégradation qui touche aussi les pays exportateurs de pétrole dans les années 1980 à la suite des deux chocs pétroliers des années 1970. De plus, la forte volatilité des cours des produits primaires ainsi que la concurrence et les pratiques protectionnistes des pays du Nord rendent ce processus de développement instable. Beaucoup de ces pays, hormis les pays de l’OPEP, font partie des PMA aujourd’hui du fait de leur spécialisation internationale défaillante.
La promotion des exportations (PE)
Cette stratégie de promotion des exportations , appelée aussi « substitution aux exportations », a été initiée dès les années 1950 par deux pays asiatiques, Hong Kong et Singapour, rejoints dans les années 1960-1970 par la Corée du Sud et Taiwan (ces quatre pays devenant les NPIA : nouveaux pays industrialisés asiatiques ou les « Dragons asiatiques ») et certains pays d’Amérique latine comme le Brésil, le Chili ou le Mexique. Dans les années 1980, d’autres pays asiatiques leur emboîtent le pas : Chine, Malaisie, Thaïlande. Il s’agit de substituer progressivement aux exportations de produits primaires des produits de plus en plus élaborés par la remontée de filières : remplacer les exportations traditionnelles par de nouvelles, plus intensives en capital et à plus forte valeur ajoutée ; passer de l’industrie légère à l’industrie lourde, en intégrant progressivement du progrès technique et en assurant la formation de la main-d’oeuvre.
Ce développement extraverti n’a donc été un succès que pour les pays qui ont su faire évoluer leur spécialisation en remontant la filière de leurs exportations. Ainsi plusieurs pays d’Amérique latine n’ont pas réussi à sortir de leur spécialisation initiale et ont vu leur dette extérieure s’accroître fortement à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La crise asiatique de 1997, qui a secoué durement la Thaïlande ou la Malaisie, démontre aussi la fragilité de cette stratégie si la remontée de filière ne se fait pas assez vite : ces pays se retrouvent dépendants des firmes transnationales (phénomène des « pays ateliers ») qui y sont implantées et qui peuvent démanteler leurs unités de production très rapidement en cas de retournement de situation politique, économique ou sociale.
L’exemple à savoir : les NPIA Cette stratégie a abouti à un succès éclatant, celui des NPIA, cités en exemple par les théories libérales du commerce international pour prouver les mérites de la spécialisation. Ces pays ont su attirer les investissements directs à l’étranger (IDE) des firmes transnationales par une politique du crédit avantageuse et une main-d’œuvre qualifiée et bon marché. C’est en important des technologies et des savoir-faire plus perfectionnés (parfois aussi par le copiage) que ces pays ont bénéficié de transferts de technologie, lesquels leur ont permis de remonter la filière de leurs exportations et de venir concurrencer les pays développés au niveau international dans la production de biens manufacturés de consommation courante, comme l’électronique grâce au faible coût de leur main-d’œuvre (forte compétitivité-prix). Ils ont aussi bénéficié d’un positionnement géographique favorable et d’un contexte culturel basé sur la docilité et l’éthique du travail. |