cours : Analyse de la pauvreté

1 Analyse de la pauvreté

1.2 les indicateurs de mesure de la pauvreté

2.1 Les indicateurs monétaires

Les indicateurs monétaires utilisés pour mesurer le bien-être ou la pauvreté sont le revenu et la consommation. Il existe principalement deux méthodes pour mesurer ces indicateurs à savoir : les mesures quantitatives et objectives d'une part et les mesures qualitatives et subjectives d'autre part.

Les mesures quantitatives et objectives sont issues des statistiques nationales. Les mesures subjectives et qualitatives de la pauvreté en termes de revenus et de consommation sont fondées sur des questions posées aux ménages à propos de (a) leur situation telle qu'ils la perçoivent, comme « Avez-vous assez pour vivre ? » « Estimez-vous que votre revenu est très bas, plutôt bas, suffisant, plutôt élevé, ou élevé ? » (b) une opinion à l'égard des standards minima de revenu et de besoins, telles que « Quel est le montant minimum nécessaire pour permettre de vivre à une famille composée de deux adultes et trois enfants ? » ou « Quel est le minimum nécessaire pour votre famille ? » ou (c) des classements de la pauvreté dans la communauté, tels que « Quels sont les groupes les plus vulnérables du village ? » Sur base des réponses à ces questions, des lignes de pauvreté peuvent être fixées.

2.2 Les indicateurs non monétaires

Bien que la pauvreté ait été mesurée traditionnellement en termes monétaires, elle possède de nombreux autres aspects. La pauvreté n'est pas seulement liée au manque de revenus ou de consommation, mais aussi à des performances insuffisantes en matière de santé, d'alimentation et d'alphabétisation, à des déficiences de relations sociales, à l'insécurité, à une faible estime de soi-même et à un sentiment d'impuissance.

Indicateurs alimentaires
L'état de sous-développement se traduit généralement par des insuffisances alimentaires tant sur la plan quantitatif que qualitatif. L'insuffisance quantitative se présente lorsque la ration alimentaire par individu est inférieure à 2400 calories par jour; dans ce cas on parle de "sous-alimentation". En 1996, les apports journaliers de calories par habitant s'élevaient, selon le PNUD, à 1845 en Ethiopie, 2844 en Chine, 3250 en Tunisie et 3642 aux Etats-Unis. L'insuffisance qualitative traduit des carences alimentaires bien que le nombre de calories de ladite ration soit jugé suffisant; dans ce cas on emploie le terme « malnutrition ». La validité des indicateurs nutritionnels se fonde sur la corrélation existant entre le niveau de développement et l'amélioration de l'alimentation.

Indicateurs démographiques
Il s'agit de rendre compte de la natalité, de la mortalité et de l'espérance de vie des populations en supposant que le régime démographique d'une population apparaît lié à son degré de modernisation socio-économique.

Indicateurs d'accessibilité
Certaines institutions internationales proposent également des indicateurs fondés sur le pourcentage de la population totale ayant accès : aux soins de santé, à des points d'eau aménagés, aux médicaments et vaccins essentiels.

Indicateurs relatifs à la santé
L'état de santé des membres d'un ménage peut être considéré comme un indicateur important du bien-être. Dans ce domaine les indicateurs sont nombreux, on peut toutefois citer : l'espérance de vie à la naissance, le nombre d'habitants par médecin, par infirmier, par lit d'hôpital, le nombre d'accouchements assistés par le personnel de santé...D'autres indicateurs sont également employés, tel le taux de mortalité infantile qui exprime le nombre de décès d'enfants de moins de un an pour mille naissances vivantes au cours d'une année donnée, la régularité des vaccinations des enfants, dans la mesure où celle-ci détermine leur état de santé futur.

Indicateurs relatifs à l'éducation et la formation
L'éducation et la formation ont un impact important sur l'accumulation du capital humain et par là-même sur le processus de développement économique et social. Ainsi, sont proposés des indicateurs afférents à l'analphabétisme, à la scolarisation primaire secondaire et supérieure, aux dépenses publiques d'éducation. Dans les pays où l'alphabétisation est quasiment universelle, il est possible d'opter pour la réalisation de tests dans les écoles. Les scores obtenus auront valeur d'indicateurs pour faire la distinction entre différents groupes de population. L'alternative serait de comparer le nombre d'années d'études réellement effectuées au nombre d'années qui, en principe, devrait l'avoir été.

Les indicateurs de révolution technologique
L'accès à la technologie et sa maîtrise apparaissent comme des éléments qui suscitent et accompagnent le processus de développement. Des indicateurs mesurent la diffusion et la production de technologies. Récepteurs de radios, de télévisions, téléphones et voiture télédensité : nombre de lignes téléphoniques pour 100 habitants, nombre d'internautes pour 1000 habitants, nombre de brevets par million d'habitants

Les indicateurs structurels

Ils sont censés rendre compte de la structure d'une économie et par là-même de l'état de développement. L'indicateur principal s'intéresse à la répartition sectorielle des activités. Le développement d'une économie serait caractérisé par la croissance progressive de certains secteurs ainsi que par le transfert corrélatif de main d'œuvre du secteur primaire vers le secteur secondaire puis vers le secteur tertiaire en raison de gains de productivité successifs au
sein de ces trois secteur ». Cette analyse a fait l'objet de critiques tenant généralement à la division de l'économie en trois secteurs jugée arbitraire, et plus particulièrement en ce qui concerne le secteur tertiaire dans les PVD artificiellement gonflé par l'exode rural et le chômage.

Les indicateurs de consommation
L'indicateur statistique de consommation d'énergie (globale et par tête) d'un pays fonde sa validité sur l'existence d'une forte corrélation entre la dite consommation et le niveau de l'activité économique. Toutefois, cette forte corrélation mise en lumière dans les années cinquante et soixante par E.S. Mason (1955), Y. Mainguy (1967) et J. Darmstadter (1971) à été peu à peu nuancée pour être mise en doute après les deux chocs pétrolier.

Les indicateurs de productivité : La productivité agricole
La Banque mondiale fournit deux indicateurs directs de la productivité agricole : la valeur ajoutée agricole par travailleur agricole et la valeur ajoutée agricole par hectare de terre agricole.

Les Indices composites ou indicateurs multidimensionnels.
Une alternative à l'utilisation d'un seul paramètre de pauvreté pourrait être de combiner les informations relatives à différents aspects de la pauvreté. Une autre possibilité consisterait à créer une mesure qui prenne en compte le revenu, la santé, les actifs et l'éducation. Il est important de remarquer qu'une des principales limites des indices composites réside dans la difficulté de définir une ligne de pauvreté.