cours : Analyse de la pauvreté
ce doument contient l'essentiel de ce qu'il faut lire pour réaliser les activités dans cette séquence du cours. Chaque étudiant est invité à le lire et à se l'appropier avant de réaliser les ativités.
Site: | Touch By SukaJanda01 |
Cours: | ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT (Année 2015) |
Livre: | cours : Analyse de la pauvreté |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | jeudi 1 mai 2025, 19:35 |
1.1 Concepts de la pauvreté
Définition 1 : Une personne en situation de pauvreté ne dispose pas des ressources financières suffisantes et vit dans des conditions qui ne lui permettent pas d'exister dignement selon les droits légitimes et vitaux de la personne humaine et qui la condamnent à survivre péniblement au jour le jour.
La pauvreté est un phénomène complexe, pluridimensionnel, ne pouvant être réduit simplement à un niveau insuffisant de ressources économiques pour vivre de façon décente. Le PNUD déclare ainsi que « la pauvreté n’est pas un phénomène unidimensionnel – un manque de revenus pouvant être résolu de façon sectorielle. Il s’agit d’un problème multidimensionnel qui nécessite des solutions multisectorielles intégrées ». De même, la Banque mondiale affirme que la pauvreté a des « dimensions multiples », de « nombreuses facettes » et qu’elle est « la résultante de processus économiques, politiques et sociaux interagissant entre eux dans des sens qui exacerbent l’état d’indigence dans lequel vivent les personnes pauvres ».
Définition 2 : Selon le PNUD
Dans le rapport Vaincre la pauvreté humaine (2000), le PNUD définit spécifiquement l’« extrême pauvreté », la « pauvreté générale » et la « pauvreté humaine ». Ainsi, « une personne vit dans la pauvreté extrême si elle ne dispose pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels – habituellement définis sur la base de besoins caloriques minimaux […]. Une personne vit dans la pauvreté générale si elle ne dispose pas des revenus suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaires – tels l’habillement, l’énergie et le logement – et alimentaires ». La « pauvreté humaine », quant à elle, est présentée comme l’« absence des capacités humaines de base : analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé maternelle, maladie pouvant être évitée ».
La pauvreté humaine est intrinsèquement liée à la notion de développement humain, qui voit le jour au début des années quatre-vingt-dix, à la suite des travaux d’Amartya Sen. Le développement humain représente, selon les termes du PNUD, l’élargissement des possibilités et des choix offerts aux individus. Plus précisément, « les trois possibilités essentielles sont celles de vivre longtemps et en bonne santé, d’acquérir des connaissances et un savoir, et de pouvoir accéder aux ressources nécessaires pour vivre dans des conditions décentes ». C’est par rapport au développement humain que la pauvreté humaine est définie : « [elle] signifie la négation des opportunités et des perspectives fondamentales sur lesquelles repose tout développement humain, à savoir vivre une vie longue, saine, constructive, et jouir d’un niveau de vie décent, ainsi que de la liberté, de la dignité, du respect de soi-même et d’autrui ».
Le PNUD évoque également dans ce rapport la pauvreté monétaire, sans toutefois en donner une définition précise. La pauvreté monétaire relève plutôt de la démarche de la Banque mondiale, alors que la pauvreté humaine semble être un concept spécifiquement onusien.
Définition 3 : selon la Banque mondiale
La Banque mondiale ne parle pas explicitement, comme le PNUD, de « pauvreté humaine ». Elle distingue la pauvreté absolue de la pauvreté relative. La pauvreté absolue correspond à un niveau de revenu nécessaire pour assurer la survie des personnes. En général, ce seuil est calculé en fonction d’un régime alimentaire de base. La pauvreté relative, quant à elle, reflète une conception plus axée sur la répartition des revenus ; elle signifie avoir « moins que les autres ». Cette notion renvoie au niveau de revenu nécessaire pour participer à et vivre dans une société particulière (logement, habillement…). Les types de pauvreté abordés par la Banque mondiale sont donc particulièrement centrés sur l’aspect monétaire.
Toutefois, la Banque mondiale ne s’en tient pas à cette analyse simpliste. Elle n’omet pas d’évoquer les interrelations entre les différentes facettes de la pauvreté, et explique que l’étude approfondie de certains secteurs – ou domaines – est fondamentale pour saisir la pauvreté dans sa complexité. Ces domaines sont la santé et l’éducation, la vulnérabilité (l’incertitude et le risque frappant particulièrement les populations pauvres), le manque de parole (voicelessness) et le manque de pouvoir (powerlessness).
Pour évaluer ces divers domaines, la Banque mondiale passe en revue une série d’indicateurs ou « pistes de réflexion » possibles. En ce qui concerne la santé, l’indicateur retenu est quasiment le même que celui du PNUD. Elle opte en effet pour le taux de mortalité infantile, et celui des moins de 5 ans. Dans le domaine éducatif, les indicateurs adoptés sont soit le taux d’inscription brut, soit, lorsque les données sont disponibles, le taux d’inscription net.
Parmi les « nouveautés » du rapport 2000, il y a la vulnérabilité, dont la Banque mondiale précise qu’un indicateur ne saurait l’évaluer dans sa dimension dynamique (les taux de fréquence d’entrée et de sortie de la pauvreté). Face à cela, elle préconise de mener des études à partir des données fournies par les enquêtes de consommation ou les recensements (tout en admettant que ces informations sont souvent insuffisantes). « Comme ce concept est dynamique, il ne peut être mesuré en observant les ménages une fois seulement […]. Il existe maintenant un consensus croissant sur le fait qu’il n’est ni possible ni souhaitable d’appréhender la vulnérabilité par un seul indicateur. ». La Banque mondiale n’évoque toutefois pas les indicateurs susceptibles de constituer une approche plus satisfaisante. Pour cette institution, la « vulnérabilité » ne semble donc pas être mesurable à proprement parler.
En ce qui concerne le manque de parole (voicelessness) et le manque de pouvoir (powerlessness), elle admet d’emblée qu’ils sont difficiles à quantifier. Elle évoque néanmoins des démarches possibles, et invite le lecteur à se reporter à un encadré ou il est dit que des « groupes de discussion » peuvent être très fructueux pour comprendre ce que les pauvres revendiquent. Elle explique en effet qu’au sein de tels groupes, « les personnes pauvres ont discuté d’un ensemble d’institutions importantes dans leur vie quotidienne et identifié ensuite les critères décisifs pour leur évaluation ». Les critères évoqués sont les suivants : « la confiance, la participation, la responsabilité (accountability), l’aptitude à s’unir, la réactivité (sensibility), le respect, l’équité et l’impartialité (fairness), la bienveillance, l’écoute et l’amour. Les personnes pauvres ont défini ces critères avec des termes simples et clairs avant de noter les institutions ». On s’attendrait à ce que la Banque mondiale explicite cette méthode d’évaluation ou à ce qu’elle en donne les résultats. Or, il n’en est rien.
Définition 4 : Les fondements philosophiques du concept de la pauvreté sont nombreux et fournissent plusieurs manières de définir la pauvreté. Les trois principales écoles sont l’école Welfarist, l’école des besoins de base et l’école des capacités. Chaque école conduit à une identification différente des pauvres et à ses propres recommandations en matière d’allégement de la pauvreté. Quoique ces trois approches diffèrent, elles impliquent toutes le fait qu’une personne est jugée pauvre « lorsqu’elle manque d’un minimum raisonnable d’une certaine chose, à définir » :
- Pour l’école Welfarist la chose en question est le bien-être économique. Ce dernier est défini indirectement via l’utilité générée par la consommation totale. Cette approche est, donc, associée au niveau de revenus ou de dépenses de consommation des personnes.
- L’école des besoins de base considère que la chose manquante est un sous-ensemble de certains besoins de base et services qui sont jugés un préalable pour l’atteinte d’une certaine qualité de vie tels que être adéquatement nourri, habillé et logé. Ils ne sont pas perçus contribuant nécessairement au bien-être.
- Pour l’école des capacités c’est des habilités ou les capacités d’atteindre un certain sous-ensemble de fonctionnements qui manquent à un pauvre.
1.2 les indicateurs de mesure de la pauvreté
2.1 Les indicateurs monétaires
Les indicateurs monétaires utilisés pour mesurer le bien-être ou la pauvreté sont le revenu et la consommation. Il existe principalement deux méthodes pour mesurer ces indicateurs à savoir : les mesures quantitatives et objectives d'une part et les mesures qualitatives et subjectives d'autre part.
Les mesures quantitatives et objectives sont issues des statistiques nationales. Les mesures subjectives et qualitatives de la pauvreté en termes de revenus et de consommation sont fondées sur des questions posées aux ménages à propos de (a) leur situation telle qu'ils la perçoivent, comme « Avez-vous assez pour vivre ? » « Estimez-vous que votre revenu est très bas, plutôt bas, suffisant, plutôt élevé, ou élevé ? » (b) une opinion à l'égard des standards minima de revenu et de besoins, telles que « Quel est le montant minimum nécessaire pour permettre de vivre à une famille composée de deux adultes et trois enfants ? » ou « Quel est le minimum nécessaire pour votre famille ? » ou (c) des classements de la pauvreté dans la communauté, tels que « Quels sont les groupes les plus vulnérables du village ? » Sur base des réponses à ces questions, des lignes de pauvreté peuvent être fixées.
2.2 Les indicateurs non monétaires
Bien que la pauvreté ait été mesurée traditionnellement en termes monétaires, elle possède de nombreux autres aspects. La pauvreté n'est pas seulement liée au manque de revenus ou de consommation, mais aussi à des performances insuffisantes en matière de santé, d'alimentation et d'alphabétisation, à des déficiences de relations sociales, à l'insécurité, à une faible estime de soi-même et à un sentiment d'impuissance.
Indicateurs alimentaires
L'état de sous-développement se traduit généralement par des insuffisances alimentaires tant sur la plan quantitatif que qualitatif. L'insuffisance quantitative se présente lorsque la ration alimentaire par individu est inférieure à 2400 calories par jour; dans ce cas on parle de "sous-alimentation". En 1996, les apports journaliers de calories par habitant s'élevaient, selon le PNUD, à 1845 en Ethiopie, 2844 en Chine, 3250 en Tunisie et 3642 aux Etats-Unis. L'insuffisance qualitative traduit des carences alimentaires bien que le nombre de calories de ladite ration soit jugé suffisant; dans ce cas on emploie le terme « malnutrition ». La validité des indicateurs nutritionnels se fonde sur la corrélation existant entre le niveau de développement et l'amélioration de l'alimentation.
Indicateurs démographiques
Il s'agit de rendre compte de la natalité, de la mortalité et de l'espérance de vie des populations en supposant que le régime démographique d'une population apparaît lié à son degré de modernisation socio-économique.
Indicateurs d'accessibilité
Certaines institutions internationales proposent également des indicateurs fondés sur le pourcentage de la population totale ayant accès : aux soins de santé, à des points d'eau aménagés, aux médicaments et vaccins essentiels.
Indicateurs relatifs à la santé
L'état de santé des membres d'un ménage peut être considéré comme un indicateur important du bien-être. Dans ce domaine les indicateurs sont nombreux, on peut toutefois citer : l'espérance de vie à la naissance, le nombre d'habitants par médecin, par infirmier, par lit d'hôpital, le nombre d'accouchements assistés par le personnel de santé...D'autres indicateurs sont également employés, tel le taux de mortalité infantile qui exprime le nombre de décès d'enfants de moins de un an pour mille naissances vivantes au cours d'une année donnée, la régularité des vaccinations des enfants, dans la mesure où celle-ci détermine leur état de santé futur.
Indicateurs relatifs à l'éducation et la formation
L'éducation et la formation ont un impact important sur l'accumulation du capital humain et par là-même sur le processus de développement économique et social. Ainsi, sont proposés des indicateurs afférents à l'analphabétisme, à la scolarisation primaire secondaire et supérieure, aux dépenses publiques d'éducation. Dans les pays où l'alphabétisation est quasiment universelle, il est possible d'opter pour la réalisation de tests dans les écoles. Les scores obtenus auront valeur d'indicateurs pour faire la distinction entre différents groupes de population. L'alternative serait de comparer le nombre d'années d'études réellement effectuées au nombre d'années qui, en principe, devrait l'avoir été.
Les indicateurs de révolution technologique
L'accès à la technologie et sa maîtrise apparaissent comme des éléments qui suscitent et accompagnent le processus de développement. Des indicateurs mesurent la diffusion et la production de technologies. Récepteurs de radios, de télévisions, téléphones et voiture télédensité : nombre de lignes téléphoniques pour 100 habitants, nombre d'internautes pour 1000 habitants, nombre de brevets par million d'habitants
Les indicateurs structurels
Ils sont censés rendre compte de la structure d'une économie et par là-même de l'état de développement. L'indicateur principal s'intéresse à la répartition sectorielle des activités. Le développement d'une économie serait caractérisé par la croissance progressive de certains secteurs ainsi que par le transfert corrélatif de main d'œuvre du secteur primaire vers le secteur secondaire puis vers le secteur tertiaire en raison de gains de productivité successifs au
sein de ces trois secteur ». Cette analyse a fait l'objet de critiques tenant généralement à la division de l'économie en trois secteurs jugée arbitraire, et plus particulièrement en ce qui concerne le secteur tertiaire dans les PVD artificiellement gonflé par l'exode rural et le chômage.
Les indicateurs de consommation
L'indicateur statistique de consommation d'énergie (globale et par tête) d'un pays fonde sa validité sur l'existence d'une forte corrélation entre la dite consommation et le niveau de l'activité économique. Toutefois, cette forte corrélation mise en lumière dans les années cinquante et soixante par E.S. Mason (1955), Y. Mainguy (1967) et J. Darmstadter (1971) à été peu à peu nuancée pour être mise en doute après les deux chocs pétrolier.
Les indicateurs de productivité : La productivité agricole
La Banque mondiale fournit deux indicateurs directs de la productivité agricole : la valeur ajoutée agricole par travailleur agricole et la valeur ajoutée agricole par hectare de terre agricole.
Les Indices composites ou indicateurs multidimensionnels.
Une alternative à l'utilisation d'un seul paramètre de pauvreté pourrait être de combiner les informations relatives à différents aspects de la pauvreté. Une autre possibilité consisterait à créer une mesure qui prenne en compte le revenu, la santé, les actifs et l'éducation. Il est important de remarquer qu'une des principales limites des indices composites réside dans la difficulté de définir une ligne de pauvreté.
1.3 Notion de seuil de pauvreté
Un seuil de pauvreté (ou ligne de pauvreté) est un niveau de bien-être en dessous duquel un ménage ou une personne déterminée sera considérée comme pauvre. Les lignes de pauvreté sont des points limites qui séparent les pauvres des non pauvres. Elles peuvent être de nature monétaire (par exemple, un certain niveau de consommation) ou non monétaire (par exemple, un certain niveau d'éducation). L'utilisation de plusieurs lignes permet de distinguer différents niveaux de pauvreté. Le seuil de pauvreté varie fortement selon la catégorie à laquelle appartient le pays, pays développés ou pays en développement. Le seuil de pauvreté peut être défini de deux manières : le seuil de pauvreté absolue et le seuil de pauvreté relative.
3.1 Seuil de pauvreté absolue
Il s'agit d'une valeur discriminante, qualifiée comme le minimum vital à avoir par une personne pour qu'elle soit considérée non pauvre. Ce minimum vital couvre le coût d'un panier de produits alimentaires jugés nécessaires pour le maintien en bonne santé auquel s'ajoute une certaine provision pour la couverture des besoins non alimentaires. Cette définition correspond à la pauvreté absolue. Pour l'ONU, un individu est dit en état de pauvreté absolue quand il n'a pas les moyens de se procurer un "panier" de biens considérés comme indispensables à sa survie. En France, en 2002, l'estimation était d'environ 10 euros par jour. Bien que les Etats-Unis et le Canada utilisent cette méthode, celle-ci est davantage appropriée aux pays en développement. La Banque mondiale détermine deux seuils de pauvreté absolue pour caractériser la nature de la pauvreté. Le seuil de « l'extrême pauvreté » et le seuil de pauvreté générale.
Le seuil de « l'extrême pauvreté » : c'est le seuil qui ne couvre que les besoins essentiels alimentaires ou besoins de subsistance alimentaire. Il est aussi connu sous le nom de « seuil de $ 1 par jour » (en réalité il correspond à un niveau de $ 1,08 selon les prix de 1993). Ce seuil est calculé en fonction d'un panier annuel de consommation minimale pour assurer un niveau de vie tolérable. Il est utilisé dans les pays en développement et dans quelques pays développés comme les Etats-Unis. Pour la Banque mondiale, l'extrême pauvreté se situe à 1,25 dollar par jour (selon les prix de 2005). Le nombre de personnes vivant sous ce seuil est souvent difficile à évaluer : (manque de statistiques détaillées, - prise en compte des activités non marchandes (autoconsommation), accès à des services publics). Pour que des comparaisons internationales puissent être effectuées en s'affranchissant du pouvoir d'achat des différentes devises, les seuils de pauvreté sont exprimés en parité de pouvoir d'achat. Le seuil de « l'extrême pauvreté » est aussi appelé seuil de pauvreté alimentaire (SPA) correspond à la dépense minimale nécessaire à un individu ou un ménage pour se procurer un panier de biens alimentaires qui respecte à la fois les normes nutritives d'un régime alimentaire équilibré (2400 Kcal/jour par équivalent adulte) et les habitudes de consommation de la population.
Le seuil de « pauvreté générale » : c'est le seuil qui couvre les besoins essentiels alimentaires et certains besoins essentiels non alimentaires. Il correspond au Le seuil de pauvreté global est obtenu en faisant la somme des seuils de pauvreté alimentaire et non alimentaire (SPA et SPNA). Le seuil de pauvreté non-alimentaire (SPNA) correspond à la dépense minimale nécessaire à l'acquisition des biens non-alimentaires et les services publics essentiels à la population. Il est estimé (i) en calculant l'importance relative des dépenses non-alimentaires par rapport aux dépenses alimentaires pour l'ensemble des ménages et (ii) en multipliant le seuil de pauvreté alimentaire déterminé par le ratio calculé précédemment. Il est aussi connu sous le nom de « seuil de $ 2 par jour » qui est égal au double du seuil de « l'extrême pauvreté ».
Le choix de l'un ou de l'autre dépend du niveau de développement. S'agissant des pays à revenu intermédiaire, comme l'Amérique latine ou certains pays d'Asie, le second seuil est considéré comme étant un meilleur indicateur de la pauvreté réelle des populations. Le premier seuil est, quant à lui, adapté aux pays les moins avancés, dont l'Afrique subsaharienne.
3.2 Le seuil de pauvreté relative
Il est égal à une proportion ou pourcentage du niveau de vie médian ou moyen du pays dans lequel on se trouve. Le revenu ou la consommation sont les principales variables utilisées pour approcher le niveau de vie. En France, l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) considère qu'un ménage est pauvre si son revenu est inférieur à 50% du revenu médian français. Au sein de l'Union européenne, Eurostat fixe ce seuil à 60%. Cette méthode donne une connaissance objective de la pauvreté ressentie par une fraction de la population, mais mesure surtout les inégalités dans la répartition des revenus.
Étant donné que de larges proportions des populations habitant dans les pays en développement survivent avec le strict minimum ou moins encore, le choix d'une ligne de pauvreté absolue plutôt que relative s'avère souvent plus indiqué.
En dernière analyse, le choix d'une ligne de pauvreté est arbitraire. Afin d'assurer une large compréhension et l'acceptation d'une ligne de pauvreté, il est important que celle-ci soit choisie en accord avec les normes sociales et la notion généralement admise d'un minimum vital. Par exemple, il peut être logique d'utiliser, dans certains pays, le salaire minimum ou la valeur d'un avantage social existant et largement admis comme le minimum vital. L'utilisation de données qualitatives peut également s'avérer avantageuse au moment de décider des produits à intégrer dans le panier des besoins fondamentaux pour la construction d'une ligne de pauvreté absolue.
Quelle que soit la méthodologie retenue, les lignes de pauvreté comporteront toujours une forte connotation arbitraire ; par exemple, le seuil calorique retenu dans les deux cas peut être considéré comme variant avec l'âge. Le classement ordinal du bien-être, essentiel à la définition d'un profil de la pauvreté, est plus important que le classement cardinal qui situe simplement un ménage au-dessus ou en dessous de la ligne. Pour les comparaisons en fonction du temps, cependant, la stabilité et la cohérence de la ligne de pauvreté doivent être assurées.
2.1 les indicateurs FGT
Ils sont au nombre de trois à savoir : l'incidence de pauvreté, la profondeur de la pauvreté et la sévérité de la pauvreté.
Incidence de la pauvreté (Taux de pauvreté : headcount ratio)
L'incidence de la pauvreté mesure la part de la population (ou de ménage) dont le revenu ou la consommation se situe en dessous de la ligne de pauvreté, c'est-à-dire la part de la population (ou de ménage) qui ne peut pas se permettre d'acheter le panier de produits alimentaires correspondant au minimum ou aux besoins de subsistance. Supposons une population de taille n dans laquelle q personnes sont pauvres, alors le taux de pauvreté est égal à :
H=q/n
Cet indicateur est facile à interpréter et à présenter mais il n'est pas sensible aux différences d'intensité de la pauvreté ; il ne variera pas si la situation de la pauvreté s'aggrave au sein de la population pauvre. Le taux de pauvreté ne donne aucune information sur les différences de revenus au sein de la population pauvre. Face à cela, le poverty gap, c'est-à-dire la distance des personnes par rapport au seuil de pauvreté, vise à déterminer la « profondeur » de la pauvreté. Il rend ainsi compte du niveau de revenu dont disposent les pauvres, et le compare avec le seuil de pauvreté fixé.
Profondeur de la pauvreté (écart de pauvreté : poverty gap )
Cette mesure indique la distance moyenne qui sépare les personnes pauvres du seuil de pauvreté (une distance zéro étant attribuée aux non-pauvres). Elle enregistre le déficit global moyen de revenu ou de consommation par rapport à la ligne de pauvreté pour l'ensemble de la
population pauvre. En ce sens, cet indicateur est meilleur que l'incidence de la pauvreté, en revanche il ne donne que la situation moyenne des pauvres. Dans le cas d'un ciblage parfait des pauvres, cet indicateur permet d'évaluer les ressources nécessaires pour éradiquer la pauvreté, c'est à dire le montant des transferts nécessaires pour ramener l'ensemble de la population pauvre au niveau du seuil de pauvreté. La profondeur de la pauvreté P1 est définie comme suit :
P1= 1/n ∑_(i=1)^q▒[(z-y_i)/z]
où z : seuil de pauvreté et yi : indicateur de mesure de pauvreté pour l'individu i qui est pauvre. Le revenu moyen des pauvres est égal à :
y_q=1/q ∑_(i=1)^q▒y_i
L'écart de revenu est égal à :
I=(z-y_q)/z
L'écart de pauvreté peut être considéré comme le produit du ratio de l'écart de revenu et de l'indice de pauvreté en nombre d'habitants :
P1 = I*H
Enfin, le squared poverty gap évalue le degré d'inégalité des revenus au sein de la population pauvre. La répartition du revenu parmi les pauvres peut en effet constituer une information utile pour comprendre leurs convergences ou divergences d'intérêt.
Sévérité de la pauvreté (écart de pauvreté au carré)
Cette mesure tient compte non seulement de la distance séparant les pauvres de la ligne de pauvreté (l'écart de pauvreté), mais aussi de l'inégalité entre les pauvres. Elle attribue une pondération plus importante aux personnes situées à plus grande distance du seuil de pauvreté. Toutes ces mesures peuvent être calculées par ménage, c'est-à-dire par l'évaluation de la part des ménages qui se situent en dessous de la ligne de pauvreté dans le cas de l'indice en nombre d'habitants. Cependant, il peut s'avérer préférable d'établir les mesures sur base de la population (en nombre d'individus) afin de prendre en compte le nombre de personnes qui compose chaque ménage. Il est considéré comme l'indicateur de parfait ciblage des pauvres. La formule de calcul d'indice de sévérité P2 est la suivante :
P2= 1/n ∑_(i=1)^q▒[(z-y_i)/z]^2
Alors que la profondeur (écart de pauvreté) prend en compte la distance qui sépare les pauvres de la ligne de pauvreté, la sévérité (écart de pauvreté au carré) considère le carré de cette distance. L'utilisation de l'écart de pauvreté au carré revient à pondérer l'écart de pauvreté en fonction de lui-même, de manière à privilégier les personnes en situation d'extrême pauvreté. En d'autres termes, l'écart de pauvreté au carré prend en compte l'inégalité parmi les pauvres.
2.2 les indicateurs de classement
La Banque mondiale distingue les économies à faible revenu, à revenu intermédiaire et à revenu élevé. Au 1er juillet 2011, les économies à faible revenu sont celles qui, en 2010, ont un revenu moyen par habitant de 1 005 dollars ou moins ; les économies à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont un revenu moyen compris entre 1 006 et 3 975 dollars ; les économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ont un revenu moyen compris entre 3 976 et 12 275 dollars ; et les économies à revenu élevé ont un revenu moyen de 12 276 dollars ou plus. Les économies à faible revenu et intermédiaire sont généralement qualifiées d'économies en développement ; cependant, cela ne signifie ni que les économies d'un même groupe de revenu ont atteint le même stade de développement, ni que les économies à revenu élevé ont atteint un stade de développement souhaité ou final.
Le RNB est la somme du produit national brut (PNB) et du revenu net provenant de l’extérieur (rémunération du travail et revenus fonciers). Afin de procéder à la classification, les valeurs en monnaies nationales sont converties en dollars des États-Unis sur la base de la moyenne mobile sur trois ans du taux de change (méthode Atlas).
Le tableau suivant résume tous les changements survenus dans la classification des pays par revenu national brut par rapport à l’année dernière.
2.3 Les indicateurs de synthese
4.2.1 Indice de Développement Humain
4.21.1 Indice de développement humain hybride
L'indice de développement humain (IDH) est un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1990 pour évaluer le niveau de développement humain des pays du monde. L'IDH se fonde sur trois critères majeurs : l'espérance de vie, le niveau d'éducation et le niveau de vie.
Le concept du développement humain est plus large que ce qu'en décrit l'IDH qui n'en est qu'un indicateur, créé par le PNUD pour évaluer ce qui n'était mesuré auparavant qu'avec imprécision. L'indicateur précédent utilisé, le PIB par habitant, ne donne pas d'information sur le bien-être individuel ou collectif, mais n'évalue que la production économique. Il présente des écarts qui peuvent être très importants avec l'IDH1. L'indice a été développé en 1990 par l'économiste indien Amartya Sen et l'économiste pakistanais Mahbub ul Haq2. Pour Sen comme pour le PNUD, le développement est plutôt, en dernière analyse, un processus d'élargissement du choix des gens qu'une simple augmentation du revenu national. Notons enfin qu'il existe un indice dérivé de l'IDH, le GDI (Gender-related Development Index (en)), qui prend en compte les disparités liées au genre, soit les différences de situation de vie entre les hommes et les femmes d'un pays considéré.
Principe
L'IDH est un indice composite, sans dimension, compris entre 0 (exécrable) et 1 (excellent). Il est calculé par la moyenne de trois indices quantifiant respectivement3 :
• la santé / longévité mesurées par l'espérance de vie à la naissance
• le savoir ou niveau d'éducation. Il est mesuré par le taux brut de scolarisation et le taux d'alphabétisation
• le niveau de vie est mesuré par le PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat, et plafonné à 40 000$ .
Calcul
L'IDH est une moyenne arithmétique des indices de longévité d'éducation et de niveau de vie :
où A, D et E sont respectivement les indices de longévité, niveau d'éducation et niveau de vie.
Le calcul de chaque indice est donné dans le tableau ci-dessous :
Limites
Substitution parfaite des indices : un très mauvais score sur l'une des composantes de l'indice puisse être intégralement compensé par un bon résultat sur une autre des composantes.
D'autre part, le mode de calcul des indices élémentaires est assez discuté. Ainsi, le choix du log du RNB par habitant a pour effet de minorer considérablement les écarts de richesse. Toutefois, pour le PNUD l'utilisation de log permet d'atténuer l'impact de ce revenu, qui selon lui a moins d'impact au fur et à mesure qu'il progresse9
Enfin, par rapport à la vision initiale de Amartya Sen, qui définit le développement comme processus d'expansion des libertés, l'absence de prise en compte des libertés publiques dans l'IDH est un défaut sérieux, d'autant que des indices de libertés publiques construits par des centres de recherche existent.
4.2.1.2 Indice de développement humain 2010
L’indice de développement humain (IDH) est une mesure synthétique du développement humain. Il mesure le niveau moyen de développement humain atteint dans un pays donné, sous trois aspects essentiels : santé et longévité, accès à l’instruction et niveau de vie décent. L’IDH représente la moyenne géométrique des indices normalisés utilisés pour mesurer les niveaux atteints dans chaque dimension.
Sources des données
• Espérance de vie à la naissance : UN-DAES (2009e)
• Durée moyenne de scolarisation : Barro et Lee (2010)
• Durée attendue de scolarisation : Institut de statistique de l’UNESCO (2010a)
• Revenu national brut (RNB) par habitant : Banque mondiale (2010g) et FMI (2010)
Création des indices dimensionnels
La première étape consiste à créer des sous-indices pour chaque dimension. Il s’agit de définir des valeurs minimales et maximales qui permettront de convertir les indicateurs en indices compris entre 0 et 1. La moyenne géométrique étant utilisée pour agréger les résultats, la valeur maximale n’affecte pas la comparaison relative (en pourcentage) entre deux pays ou deux intervalles de temps donnés. Nous avons retenu comme valeurs maximales les valeurs maximales des indicateurs effectivement constatés dans les pays considérés, sur la période allant de 1980 à 2010. En revanche, les valeurs minimales ont une incidence sur tout exercice de comparaison, et nous utilisons par conséquent des valeurs que l’on est en droit de considérer comme des valeurs de subsistance ou des zéros «naturels». Tout changement est donc mesuré par rapport à des niveaux minimaux dont chaque société a besoin pour survivre dans le temps. Nous avons défini les valeurs minimales suivantes : 20 ans pour l’espérance de vie, zéro pour les deux variables relatives à l’éducation, et 163 $ pour le RNB par habitant. L’espérance de vie minimale repose sur des données historiques de long terme collectées par Maddison (2010) et Riley (2005).1 Une société peut subsister sans éducation formelle, ce qui justifie l’établissement des niveaux d’instruction minimaux évoqués. La survie est subordonnée à un niveau de base en termes de revenu : 163 $ représente la valeur la plus faible jamais enregistrée par un pays (le Zimbabwe en 2008) et correspond à 45 cents de $ par jour, soit à peine un peu plus d’un tiers du seuil de pauvreté de la Banque mondiale (1,25 $ par jour).
Après avoir établi les valeurs maximales et minimales, nous calculons les sous-indices comme suit :
Pour l’éducation, nous utilisons l’équation 1 pour chacune des deux sous-composants, puis nous calculons la moyenne géométrique des indices résultants, et finalement nous appliquons de nouveau l’équation 1 à la moyenne géométrique des indices, en utilisant 0 comme valeur minimale, et comme valeur maximale, la valeur la plus élevée des moyennes géométriques des indices obtenus pour la période à l’étude. Cette méthode revient à appliquer directement l’équation 1 à la moyenne géométrique des deux sous-composants. Chaque indice dimensionnel servant d’indicateur des capabilités dans la dimension correspondante, la fonction permettant de convertir le revenu en capabilités est susceptible d’avoir une forme concave (Anand et Sen 2000c). Dans le cas du revenu, nous utilisons donc le logarithme népérien des valeurs minimales et maximales utilisées. L’IDH représente la moyenne géométrique des trois indices dimensionnels suivants :
IDH = ILongévite1/3 x IInstruction1/3 x IRevenu1/3. (2)
L’expression 2 exprime la substituabilité imparfaite entre les dimensions de l’IDH. Elle répond de ce fait à l’une des critiques les plus sévères faites à l’encontre de la formule du cumul linéaire, qui rendait possible une substitution parfaite entre toutes les dimensions. En réalité, un certain degré de substituabilité est inhérent à la définition de n’importe quel indice qui croît avec ses composants.