Chapitre2. Les idées politiques du moyen – âge à la renaissance
Chapitre2. Les idées politiques du moyen - âge à la renaissance
Le Moyen Âge est marqué essentiellement par l'expansion extraordinaire de la religion chrétienne, « doctrine de la foi et de salut », vouée au rachat de l'humanité. Du VIe au XIes, qui correspond à la phase historique de la « christianisation » de l'Occident, le politique perd progressivement son autonomie et ne se définit que par rapport à la religion. Les penseurs chrétiens tirent de la parole de Jésus-Christ des conceptions politiques en établissant une frontière entre l'ordre divin (« autorités spirituelles ») et la société des hommes (pouvoirs « séculiers »). Période postérieure à celle décrite plus haut. Elle se retrouve à l'époque des grandes monarchies, au développement des grandes monarchies des 17 e et 18 e siècles. L'absolutisme est un mot qui vient d'une notion potestas absolutaqui est la puissance absolue. Au M-A c'est ce qu'on appelle l'absolutisme pontifical qui est une doctrine selon laquelle le Pape est le véritable souverain sur la Terre. C'est-à-dire qu'il est au-dessus des souverains politiques, des monarques. Cette période est suivie de la renaissance. Selon la distinction classique, le Moyen Age s'étend de la chute de l'empire d'occident en 457 jusqu'à la chute de l'empire d'Orient en 1453. Cette dernière provoque en Europe un afflux d'érudits et d'écrits. En effet, la chute de Constantinople va couper la route de l'orient et va pousser les Européens à trouver de nouvelles voies pour accéder à l'Inde et à ses épices. C'est ainsi que Christophe Colomb découvre l'Amérique en 1492. Cette renaissance est la redécouverte de l'Antiquité gréco-romaine et de ses auteurs et une relativisation du christianisme. La Renaissance commence au nord de l'Italie dans les circonstances de l'effondrement de l'empire romaine de Byzanze (réfugies) et de la diffusion de la presse et des oeuvres antiques. Partant de ces considérations historiques, les idées politiques du moyen -âge (section1) et celles de la renaissance (section2).
Section1. Les pensées politiques du moyen-âge
Le Moyen Âge n'envisage pas la vie terrestre, politique en particulier, en dehors de la volonté divine : la représentation de l'ordre social et politique découle entièrement de la vision chrétienne d'un univers soumis à Dieu. Le politique et le religieux se confondent au point que le pape rêve d'un pouvoir temporel et que les rois se voient comme des représentants de Dieu. Il y a pourtant un paradoxe : l'intimité des liens entre le politique et le religieux cohabite avec la doctrine théologique d'une séparation entre le temporel et le spirituel, entre le profane et le sacré, appelée encore la « dualité des deux sphères ».Cette doctrine trouve dans la pensée de Saint Augustin des arguments déterminants. L'idée d'une cité vertueuse ancrée sur la théologie n'est pas aussi l'apanage des penseurs chrétiens, elle aussi l'œuvre de certains penseurs musulmans. Ici l'accent sera mis sur la pensée politique chrétienne (paragraphe1) et sur celle de nature islamique (Paragraphe2).
Paragraphe 1. La pensée politique chrétienne
Dans le cadre de cette étude, nous allons analyser successivement les idées politiques de Saint augustin (A), d Thomas d'Aquin (B).
A.Saint Augustin
Chez les chrétiens le temps du cosmos est linéaire. Cette idée d'un temps linéaire s'applique aussi à la cité. C'est St Augustin qui posait la question de savoir quel est le rôle de la cité d'un point de vu théologique. Du point de vue théologique, la responsabilité de la cité est le salue des citoyens qui la compose. Par ailleurs, le modèle dominant dans la tradition de la cité est la monarchie. Le monarque est donc responsable du salue spirituel de ses sujets. Il doit donc garantir leur moralité, il doit écarter ses sujets du péché, écarte sa cité du péché. A la fin des temps on juge le monarque et ses sujets. Le salue des monarques dépend du salue de ses sujets. Sa responsabilité est donc très lourde du point de vue moral. Mais l'individu est intrinsèquement mauvais donc il n'arrivera pas à sauver tout le monde, mais il doit sauver un maximum. A la fin des temps on juge donc la Cité.
Enfin, cette théorie s'applique aussi à l'individu. On a qu'une vie dans le christianisme et il faut la réussir, c' est à dire être digne d'être sauvé à la fin des temps. Il faut être du côté des justes qui vont au Paradis. Leur parcours est donc aussi linéaire. Le christianisme n'est pas la seule doctrine impliquant une téléologie. Si on se réfère à l'occident, la théorie chrétienne est la théorie dominante jusqu'au 18e siècle. A partir de ce moment, on commence à se poser des questions notamment sur l'existence de Dieu : la philosophie de lumières. La sécularisation apparaît. Ce mot vient du mot « siècle » et on distingue le pouvoir sacerdotal, religieux et le pouvoir séculié, profane. Ce dernier est le pouvoir qui n'est pas sacré.
La sécularisation est le moment qui suit la révolution française où l'Etat s'approprie les biens de l'Eglise. Phénomène rapidement imité par les autres Etats européens. Plus largement, cette notion caractérise aussi la fin du monopole de la théologie pour penser le monde. La théorie de Dieu cesse d'être la représentation unique du monde. On pense indépendamment de Dieu représentation unique du monde. On pense indépendamment de Dieu ; mais on n'abandonne pas pour autant la théorie du temps linéaire.
Cette téléologie est la téléologie du progrès et non plus du salue. Cette idée du progrès va être Cette téléologie est la téléologie du progrès et non plus du salue. Cette idée du progrès va être trouvée dans de nombreux domaines. L'histoire va souvent être représentée avec la téléologie du progrès, trouvée dans de nombreux domaines. L'histoire va souvent être représentée avec la téléologie du progrès, comme par exemple avec l'histoire des sciences qui est l'accès des Hommes à la vérités des sciences qui est l'accès des Hommes à la vérité ; aussi, l'histoire des ; aussi, l'histoire des peuples qui est l'histoire des progrès des peuples qui est l'histoire des progrès des peuples ; l'histoire des idées politiques ....; l'histoire des idées politiques ....
B.Thomas d'Aquin et la cité idéale
Ainsi, est ce que je peux imaginer la cité idéale ?
« La philosophie est servante de la théologie » selon Thomas d'Aquin, pour lui la somme théologique est la somme du savoir possible de son époque. C'est l'idée que la théologie est une science absolue qui peut résoudre tous les problèmes de l'humanité ; en particulier à partir du concept de justice. Sa théorie suppose la réalité des idées puisqu'au fond on procède à partir des concepts. Cela explique ensuite que sa théorie soit érigée en fondement du dogme de l'Eglise. C'est sur ses idées que sont apparues la théocratie qui est la théorie officielle de l'Eglise, le gouvernement des prêtres, du clergé.
Guillaume d'Occam est un auteur, philosophe qui, lui, prend le partie de combattre la papoté. A l'époque il y avait conflit entre l'Empereur et le Pape et Guillaume d'Occam va prendre le partie de l'Empereur et va contester le pouvoir politique de la papoté. Sa théorie est qu'il faut nettement distinguer politique et religion ; le Pape ne doit s'occuper que des questions religieuses, théologiques. Pour ce qui est de la politique, il défend un ensemble d'idées, il défend la notion de droits naturels, de liberté, le principe de la propriété et il estime que ces droits sont le fondement du pouvoir politique des cités. Ainsi, il en arrive à la conclusion de l'autonomie des cités. Le Pape ne doit pas s'ingérer dans la conclusion de l'autonomie des cités. Le Pape ne doit pas s'ingérer dans la vie politique des cités.
Tout ça pour dire que dans la pensée politique, si on veut formuler des dogmes, utopies, il faut croire Tout ça pour dire que dans la pensée politique, si on veut formuler des dogmes, utopies, il faut croire à la consistance des idées.
Paragraphe2. La pensée politique islamique : la Falāsifa
« Les religions révélées avaient inauguré une nouvelle époque et instauré un nouvel ordre politico-religieux. De ce fait, elles avaient mis la tradition philosophique grecque au défi d'analyser et de rendre intelligible cet ordre fondé sur la prophétie, la révélation et la loi divine. Et l'on peut soutenir qu'Alfarabi fut le premier philosophe majeur à relever ce défi (A) avant d etre suivi postérieurement par d'autres penseurs musulmans (B).
A.Alfarabi et la cité vertueuse
L'extension des frontières politiques de la chrétienté latine durant l'époque des croisades permit aux Européens d'entrer en contact étroit avec l'Islam en Espagne, en Sicile et en Terre Sainte. La Falāsifa ou les philosophes musulmans possédaient, en traduction arabe un vaste catalogue des oeuvres de Platon, d'Aristote et de ses commentateurs. Leur propre pensée ne peut pas être ignorée dans un cours d'histoire des idées politiques au Moyen Age, ne serait-ce que parce que c'est sous l'influence d'Ibn Rushd de Cordoue (Averroès), en Andalousie, au XIIe siècle, que s'effectua un renouveau important de l'aristotélisme. Des commentaires sur les œuvres d'Aristote, écrits par son plus grand interprète musulman, Ibn Rush, furent traduits à partir des années 1220 et 1230. On sait tout ce que la philosophie européenne doit à la philosophie arabe et islamique. Une dette énorme. D'une façon claire et catégorique, James Henderson Burns affirme :
« Déjà, au cours du siècle, particulièrement en Espagne, les lettrés latins se prenaient d'un intérêt considérable pour le savoir arabe, et la vie intellectuelle de l'Occident latin fut profondément influencée par l'afflux successif de lots de traductions latines d'ouvrages philosophiques et scientifiques d'origine musulmane, juive et grecque. Dans les siècles antérieurs, la partie connue de la pensée grecque et romaine ancienne s'était acclimatée à l'Occident latin, mais le nombre des ouvrages accessibles s'accrut de beaucoup, au XIIe et XIIIe siècles, grâce à de nouvelles traductions. De plus, les œuvres et les commentaires arabes en traductions latine furent étudiés avec passion en Occident. » .
Toutefois, la philosophie arabe ne s'est pas limitée à contribuer à élargir la culture aristotélicienne de l'Occident latin. Du reste, la pensée politique de la Falāsifa, après Al-Farabi (mort en 950), fut plus platonicienne qu'aristotélicienne. Les musulmans se tournaient davantage vers Platon pour ce qui concernait la société et le droit, mais ils s'inspiraient d'Aristote pour la logique, la métaphysique, la psychologie et l'éthique. « Durant la période classique de la philosophie islamique - du Xeau XIIe siècle -, la philosophie politique fut une activité dominante et non pas marginale : la Falāsifa intégra la conception platonicienne du roi-philosophe et législateur à la conception musulmane du prophète, dans le cadre d'un Etat religieux idéal. Les penseurs islamiques rencontrèrent donc les conceptions politiques grecques et ils les transformèrent pour en faire une partie intégrante de leur propre enseignement général» .
Au XIIe siècle, le principal interprète islamique de Platon et d'Aristote, avant Ibn Rush, fut au Moyen Age Abû Nasr al-Farabi (870-950), qui vécut à Bagdad et en Syrie. Ce dernier s'efforça de résumer la philosophie de Platon et d'Aristote et de lui donner un sens dans le cadre de la religion révélée de l'Islam. Il écrivit des commentaires de la République et des Lois de Platon. Pour lui, l'objet de la science politique était de caractériser les différents genres d'Etats et de dirigeants et de rechercher les causes du bonheur ainsi que les moyens de l'atteindre par l'exercice du gouvernement vertueux (par opposition à ignorant) de la cité ou de la nation. « Il s'enquit des éléments constitutifs de la communauté islamique - les ndirigeants, la loi, les différents genres d'Etats -, et il soutint que les fonctions de prophète, de législateur, de philosophe et de dirigeant ne différaient pas l'une de l'autre et qu'elles devaient être rassemblées en une seule personne, dans un caliphe idéal, qui serait à la fois prophète-législateur-imam et (sous l'inspiration de Platon) roi-philosophe. Il proposait ainsi une théologie politique où religion et philosophie se rencontraient, et qui rendait possible une étude méthodique. Il insistait encore sur le rôle actif que les philosophes devaient jouer dans les questions juridiques et politiques et il rêvait, comme Dante devait le » faire, d'une société universelle fondée sur la foi commune et placée sous un seul dirigeant, un prophète-philosophe» .
Al-Farabi situait la science politique dans les sociétés qui ont une religion révélée par mode de prophétie, celles qui établissent des rapports harmonieux entre philosophie, révélation et loi humaine et qui possèdent des visées spirituelles. Al-Farabi exposait la philosophie et la pensée politique de la Grèce ancienne, notamment celle de Platon et réfléchissait sur la guerre sainte ou jihad. Il proposait aussi une analogie entre l'Etat et le corps humain.
B.Les penseurs musulmans postérieurs à Alfarabi
Les penseurs musulmans postérieurs à Al-Farabi ne partageaient complètement sa conviction qu'un philosophe devrait s'efforcer de conduire les citoyens d'une nation à une union avec les êtres spirituels et au bonheur suprême.
Ibn Sina (Avicenne : 980-1037), qui devait beaucoup à Al-Farabi, n'allait pas jusqu'à identifier prophète et roi-philosophe. Il attribuait au prophète la double tâche de pourvoir au gouvernement et à la philosophie politique. Pour lui, il y a deux parties dans la philosophie politique : l'une s'intéresse à la royauté, l'autre à la prophétie et au besoin que l'homme a de la loi divine. Parmi les philosophes musulmans espagnols,
Ibn Baja de Saragosse (Avempace, mort en 1138) tirait de son étude de Platon la conclusion que la cité idéale est irréalisable : elle ne pourrait exister que si chaque citoyen atteignait d'abord la plénitude de l'existence humaine. Les philosophes, confrontés aux problèmes de la vie dans un Etat imparfait, ne sauraient trouver le bonheur que dans la solitude et le gouvernement d'eux-mêmes, après s'être retirés de la vie publique et s'être soustraits au besoin de recourir à des médecins et à des juges.
Ibn Tufail de Cadiz (1100-1184/1185) soutenait pareillement que le genre de vie des philosophes était incompatible avec la vie de la multitude.
Section2. La pensée politique de la renaissance
La Renaissance est ce mouvement de renouveau culturel qui, à partir de l'Italie du nord, gagne toute l'Europe entre les XVe et XVIe s. Sous la Renaissance, il y a un grand mépris pour le moyen âge, époque qualifiée de barbare ou gothique. Au XVe siècle, on redécouvre les textes originaux des anciens. Ce retour aux textes anciens est aussi une redécouverte de Platon et de son esprit de libre discussion. On critique Aristote qui apparaît alors trop systématique, incompatible avec la pensée inventive de l'époque. Toutefois, Il n'y a de « rupture » soudaine et complète avec le Moyen Age. Cet esprit nouveau prend sa consistance dans ce que l'on appelle l'Humanisme. C'est la foi en l'homme, dans l'avenir, le progrès, l'avidité de connaissances nouvelles, d'expériences de toute sorte, la soif de réalisation de l'homme (sur terre et non plus au ciel). L'humanisme c'est aussi l'esprit de libre examen personnel. Finalement, cette perspective humaniste signifie "culture laïque" : l'homme et sa réalisation dans la vie terrestre devient le centre des préoccupations des penseurs de l'époque. On assiste progressivement à l'ébranlement des connaissances, visant à placer l'homme au centre des préoccupations philosophiques. Dans cette étude, nous allons aborder les pensées politiques de L'Etat (paragraphe1), de la critique de l'idéalisme : la lutte des classes (paragraphe2) et de la séparation des pouvoirs (paragraphe3).
Paragraphe1. Les pensées politiques de l'Etat
Nous allons Analyser Racines et apports de la pensée politique de Machiavélique (A) avant la pensée politique Jean Bodin (B).
A.Racines et apports de la pensée politique de Machiavélique (1469-1527)
Dans l'Italie morcelée de la Renaissance, Nicolas Machiavel devient, en 1498, secrétaire à la chancellerie de la république de Florence, sa ville natale. Il remplit de nombreuses missions diplomatiques, mais, en 1512, lors du renversement de la république par les Médicis, il entre en disgrâce et doit s'exiler.
Il écrit alors, en 1513, Le Prince, ouvrage qui ne sera publié qu'après sa mort. Après un bref retour à la vie politique, en 1526, il est à nouveau écarté du pouvoir et meurt en 1527. 0utre Le Prince, il a composé les Discours sur la première décade de Tite-Live (achevés en 1520) et quelques autres œuvres (L 'Art de la guerre, des pièces de théâtre, etc.). Ceci dit, nous allons voir successivement les racines (1) et les apports de la pensée politique Machiavélique(2).
1.Les racines de la pensée politique Machiavélique
La pensée de Machiavel s'enracine :
1• dans la tradition philosophique classique : la Politique d'Aristote, mais aussi le Traité des Devoirs (De officis) de Cicéron, sans oublier les nombreux écrits de l'époque médiévale (Les Miroirs des Princes) sur les vertus du bon souverain etc.
• dans un contexte historique : la carrière politique de Machiavel (en particulier, son ambassade auprès de César Borgia) est intimement liée aux vicissitudes historiques du temps. L'Italie de l'époque était profondément divisée, en butte aux ambitions conquérantes des Français et des Espagnols. Tous ces éléments sont inséparables de la réflexion de Machiavel sur le pouvoir et l'Etat.
2.Les apports de la pensée politique Machiavélique
Machiavel a décrit l'exercice réel du pouvoir politique, ce que les gouvernants font effectivement. C'est un des fondateurs de la science politique moderne.
Les concepts fondamentaux de la philosophie politique de Machiavel sont les suivants :
• le Prince, entendu comme souverain, celui qui exerce le pouvoir réel ;
• la Fortune, ensemble de circonstances complexes et mobiles, devant lesquelles l'homme est impuissant s'il n'utilise, au bon moment, le bon moyen : l'occasion propice à l'initiative audacieuse ;
• la Virtù (à ne pas confondre avec la vertu au sens traditionnel du terme, les qualités du sage), qui désigne l'énergie dans la conception et la rapidité dans l'exécution, la résolution et la ruse, le " génie politique", en quelque sorte. C'est l'art de choisir les moyens en fonction de la fortune et de dominer ainsi les circonstances.
Machiavel est né à Florence en 1469 et mort à Florence en 1527 :c'est un fils de la grande renaissance florentine. Il appartient à la bourgeoisie florentine, il représente les classes moyennes.
C'est un agent public, fonctionnaire des affaires politiques, il est secrétaire de la chancellerie. Il a accès aux instances de décisions, il sera aussi utilisé comme diplomate car il connaît bien la géopolitique de l'époque.
Florence entre 1496 et 1498 a connu le gouvernement théocratique de Savonarole, qui a installé une démocratie religieuse fondamentaliste qui n'a pas tellement plu : il fut brûlé vif à Florence. Il voulait réformer les mœurs florentines par un retour aux valeurs de l'évangile.
Ce qui anime Machiavel est le désir de rendre à l'Italie sa gloire d'antan : il veut chasser les barbares (les étrangers) il veut donc créer un état nation Italien. C'est le premier sentiment nationaliste italien.
Il y a également dans son œuvre l'apparition d'une nouvelle terminologie. Il invente la notion d'Etat, le concept de nécessité d'Etat, il généralise le mot état comme institutionnalisation du pouvoir politique.
Il explique que tous les états qui a un moment donné on a eu une action sur les hommes ont été ou sont des principautés. Il introduit une nouvelle différence entre la République et la Monarchie, il est le premier à parler en termes de régime républicain.
C'est ce livre qui est à l'origine d'une ambiguïté concernant Machiavel : l'expression péjorative « machiavélique » synonyme de calcul immoral et pervers. « Le Prince » en fait est une série de préceptes, c 'est un manuel du bon gouvernant.
Il doit servir au Prince à conserver son état. On voit apparaître les qualités que doit acquérir cet homme qualités politiques qui vont lui permettre de conserver son état :
-Le réalisme : Le Prince doit considérer les hommes pour ce qu'ils sont, ici l'homme n'est plus le centre de la politique, il ne faut pas se faire d'illusion sur la nature humaine.
Etre réaliste c'est coller à la réalité : il rejette l'idéalisme développé depuis Platon.
Il ne faut pas croire tous ce qu'on raconte ; le Prince ne doit pas croire n'importe quoi.
Il ne doit pas s'effrayer pour rien, le prince ne doit pas montrer qu'il a peur, il doit rester maître de lui.
-L'Egoisme : Le Prince doit focaliser son attention sur lui-même, et pas sur les autres pour acquérir une sorte de volonté individuelle, une discipline intellectuelle.
-Le calcul : Le Prince doit être calculateur, rusé, dissimulateur, il ne doit pas être prévisible
« Mieux vaut être craint qu'aimé », Machiavel estime que les deux à la fois sont impossible donc il vaut mieux être haïr.
-Indifférence au bien et au mal : Le Prince ne s'en soucie pas, « il vaut mieux se résoudre au mal ». La politique doit être, à ce niveau, dégagée des contingences de la morale
-La cruauté : Le Prince doit être cruel, il doit frapper l'imagination
-L'habileté
-La Virtu : c'est un terme que Machiavel utilise pour signifier que le Prince doit être virtuose, habile, il doit jouer avec les hommes, il a de l'adresse. Ce n'est pas du tout la vertu morale. Le gouvernement du prince est une tension perpétuelle dans le but de conserver l'état. Le gouvernement est une création continuelle
-La grandeur : Le Prince est l'homme providentiel, le héros, il est au-dessus du commun,
C'est ce qui l'autorise à échapper à la morale, à la religion : tous les actes de cruauté, de cupidité, de violence lui sont permis pour conserver le pouvoir. Ainsi selon Machiavel : la fin justifie les moyens, tous les moyens sont bons. C'est ce qui va donner « le machiavélisme » : Les intellectuels vont considérer son œuvre comme d'une immoralité complète. On écrit par la suite des traités appelés « anti-machiavel ».
B.La pensée politique de jean Bodin (1529-1596)
L'œuvre de Bodin, en grande partie consacrée à la pensée politique, a commencé par le Methodus ad facilem historiarum cognitionem libri IV (1566), qui est un essai de méthodologie et de philosophie de l'histoire dont l'objet est de montrer que la principale utilité de l'histoire est de servir au droit et à la politique. Ce texte est suivi des Six livres de la République (1576), devenu un classique de la pensée politique, qui est un exposé sur la nature de la République (l'Etat) dont l'être se définit par la souveraineté. Le Iuris universi distibutio (1578) est une systématisation du droit romain et une réflexion sur l'essence du droit. Bodin écrivit par ailleurs une Démonomanie des sorciers (1580), etc...
En 1566 il écrit la « Méthode pour faciliter la connaissance de l'Histoire ». Ce qui fait sa gloire c'est en 1576 les six livres de « la République », c'est à dire les six livres de l'Etat (ici République= Etat). Il va faire éclater la théorie absolutiste. Il présente deux axes importants :
-conceptualisation de la souveraineté
-Préférence pour le régime monarchique
1.Conceptualisation de la souveraineté
Il ne l'invente pas : par contre, il est l'un des 1er à faire une théorie de la souveraineté, c'est à dire de conceptualiser l'idée. Il fait de la souveraineté, la clé de voûte du droit public et la condition sine qua non de l'existence de l'Etat. « République (l'Etat) est un droit gouvernement de plusieurs ménages (familles) et de ce qui leur est commun avec puissance souveraine »
Il distingue l'état de la seigneurie ou de tout autre type de pouvoir. « L'Etat n'existe que par la puissance souveraine. » Il explique que la souveraineté a une double nature : c'est la puissance absolue et perpétuelle d'une république.
C'est une puissance donc indépendante, qui n'est liée par rien, elle n'est pas limitée dans le temps. C'est également une puissance unique, indivisible, c'est ce qui uni l'Etat. Il va énumérer les caractères de la souveraineté : il y a des domaines dans lesquels l'état à une sorte de monopole :
-La Guerre et la paix
-Le fait de juger en dernier ressort et de faire grâce
-La nomination aux fonctions publiques de l'administration
-Le droit de faire et de casser la loi : seul l'état peut être une puissance législative
-( marque principale de la souveraineté).
A partir de Jean Bodin, la marque principale de la souveraineté est le monopole législatif. En pratique la justice reste très importante, en matière de souveraineté même si la loi commence à s'imposer.
2.La préférence monarchique
Il est favorable à l'absolutisme royal. Il classe les gouvernements ; il utilise comme critère de classement la souveraineté. C'est un auteur moderne car il fait la distinction entre l'état (siège de la souveraineté) et le gouvernement (manière d'exercer la souveraineté) :
-La Démocratie : l'Etat dans lequel la souveraineté appartient au peuple ;
-Aristocratie : La souveraineté appartient a une portion de peuple ;
-Monarchie : la souveraineté appartient au prince ;
Quel que soit la forme de l'Etat, la souveraineté est toujours une puissance absolue, perpétuelle et indivisible. Concernant les formes de gouvernement, il pense que la mixité est possible. Exemple : un Etat démocratique a un gouvernement monarchique ou un gouvernement mixte. La forme de l'Etat est toujours unitaire mais le gouvernement peut être simple ou mixte. La forme d'état qu'il préfère est : L'Etat monarchique a gouvernement royal légitime. Le gouvernement peut être de trois types :
-Tyrannique : lorsque le prince viole le droit ;
-Seigneurial : lorsque le prince se comporte comme le seigneur des biens et des personnes,
-Légitime : Lorsque le prince obéit à Dieu et aux lois de la nation,
Ce modèle idéal assure la liberté des sujets, la garantie des propriétés, ainsi que l'unité dans l'état et l'indivisibilité de la souveraineté.
Paragraphe2. Karl Marx critique l'idéalisme : La lutte des classes
Il critique les théories de la raison. Dans la conception des lumières on rêvait d'une cité idéale qui repose sur l'harmonie sociale mais quand Kant essaye de définir ce qu'est la cité, il dit que c'est l'ensemble des citoyens qui sont soumis aux droits. Ces individus sont responsables, ce sont des citoyens mais ce qui lie ces citoyens est la règle de droit. Cette dernière est la réalisation en pratique de la raison, simplement. Toute la théorie de Kant est donc d'exposer le droit de façon rationnelle.
Marx critique cet idéal et sa critique est féroce. Il critique l'idée d'une harmonie sociale. Il n'y a pas d'harmonie sociale selon lui. Dans la société il y a deux catégories dans la population : les dominants et les dominés. A son époque, il distingue les capitalistes qui sont les dominants et les prolétaires qui sont les dominés. Ainsi, tous les schémas des lumières s'effondrent. Pour Marx, toute la théorie des lumières est une idéologie. C'est la représentation des dominants afin d'obliger moralement les dominés à accepter l'ordre des choses. Sa théorie est donc dans le but de rendre conscient les dominés de cette situation. Critique de la théorie Hégélienne du droit, 1844 selon lui Hegel veut « transformer la critique de la théologie en critique de la politique ». La philosophie des lumières a critiqué la théologie, la science de Dieu ; donc avant les lumières on se fiait aux préceptes de la religion, on obéit sans réfléchir à l'Eglise. L'apport des lumières est la raison comme instrument critique. L'Homme des lumières est un Homme rationnel qui n'obéit pas pour obéir, il raisonne et donc distingue ce qui mérite d'être obéit et ce qui ne le mérite pas. Marx dit que quand on critique la théologie on ne va pas assez loin, il faut critiquer aussi la politique ; c'est à dire qu'il faut comprendre que les concepts en usage dans la politique sont trompeurs. Pour Marx ce n'est pas la vraie loi qui règle l'humanité mais c'est l'économie. Il appelle les relations fondamentales de l'économie des rapports de productions.
MARX, dans Le manifeste du parti communiste, dit que l'histoire des Etats est régit par une logique inéluctable car il y a toujours l'économie, qui est la vraie loi de l'humanité. Les rapports de production se traduisent par des rapports d'exploitation. Dans toute l'Histoire de l'Humanité, on rencontre des formes d'exploitation. MARX distingue trois stades:
L'Antiquité, qui se caractérise par l'esclavage. Dans les cités grecques, on trouve des hommes libres.
Le Moyen-Age, puis l'Ancien Régime, caractérisés par la féodalité. C'est un rapport d'exploitation, entre le Seigneur et des paysans appelés les serfs• Le capitalisme, après la Révolution Française, reposant sur un rapport d'exploitation, entre les capitalistes et les prolétaires.
Le passage d'un stade à l'autre s'explique par l'évolution des rapports de production. Pour MARX la politique est l'apparence des choses, la vraie réalité étant l'évolution de l'économie. Il pense qu'il faut faire la Révolution, mais qu'en plus elle est inéluctable. La Révolution aboutira sur un monde idéal, un monde communiste, on peut donc la considérer comme une sorte d'Apocalypse. Cette révolution se justifie par le fait que la population est coupée en deux. Les notions de république et de contrat social, de volonté générale, sont les arguments des plus forts qui empêchent les plus faibles de se rebeller.
A partir du moment où on adopte les bases de la théorie Marxiste, il n'y a plus de raison qui fonctionne, plus de rationalité, si on souhaite rationalisé la société ; parce que la société est divisée entre les dominants et les dominés et ces deux n'ont pas la même vision du monde.
Ils ne partagent ni les mêmes intérêts, ni les mêmes concepts. Il n'y a plus de république possible dans la théorie de Marx. Tout ça est résumé par le concept de conscience de classe. Dans ce contexte, c'est difficile de donner un contenu univoque aux idées politiques.
Paragraphe3. Montesquieu et la séparation des pouvoirs.
Parmi les théoriciens libéraux figure en bonne place Charles-Louis Secondat (1689-1755), baron de la Brède et de Montesquieu. Son œuvre politique majeure, L'Esprit des Lois (1748) donne un corps de doctrine au libéralisme français et constitue une contribution essentielle à la modernité philosophique. L'Esprit des lois contient des idées réformatrices et des propositions qui constitueront, avec le Contrat social de Rousseau, l'une des principales sources d'inspiration des révolutionnaires français de 1789. Montesquieu s'interroge non sur les fondements abstraits du pouvoir (Dieu, la nature, la raison ou le contrat social), mais veut comprendre les principes concrets qui déterminent le fonctionnement des sociétés politiques. Il entreprend d'identifier de manière intelligible les causes profondes qui expliquent la diversité des mœurs, des idées, des coutumes, des lois, qui distinguent les nations. Dans cette pensée politique de Montesquieu, nous allons aborder successivement la liberté et la loi (A), la classification des régimes (B) et la répartition des pouvoirs (C).
A.La liberté et la loi
Il dénonce les excès de la tyrannie dans le but de promouvoir la monarchie limitée. Il condamne la concentration excessive du pouvoir en France .Comme Locke, il est soucieux de défendre la liberté et la loi. Mais contrairement au philosophe anglais, l'aristocrate bordelais ne focalise pas sa réflexion sur la sphère des droits naturels, sur «l'individu » et ses libertés privées (ex : la propriété, la liberté de pensée) considérées comme échappant à l'Etat, mais avant tout sur le « citoyen » et sa « liberté politique ».
C'est dire que Montesquieu ne défend pas comme le libéralisme anglais une conception individualiste des droits. Il considère, de façon plus classique, que la liberté est intrinsèquement liée à la loi, c'est-à-dire à l'organisation de l'Etat et à ses institutions.
La liberté politique ne se fait pas contre la loi, mais avec la loi :
• « nous sommes [...] libres, parce que nous vivons sous des lois civiles » (XXVI, 29).
• La liberté « ne consiste point à faire ce que l'on veut », mais à « pouvoir faire tout ce que les lois permettent » (XI, 3).
• La liberté consiste « à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir, et à n'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir » (XI, 3).
• La liberté est « le droit de faire tout ce que les lois permettent » (XI, 3).
Selon cette vue, l'obéissance à la loi n'est pas renonciation à la liberté ; bien au contraire, c'est parce que la loi protège le citoyen que celui-ci peut être libre.
Montesquieu refuse la conception antique de la liberté -que Benjamin Constant appelait la « liberté des Anciens »-, qui se définissait comme le droit de participer à la vie civique Chez lui, la liberté est « négative » -c'est la « liberté des Modernes »-, qui vise simplement à protéger le citoyen contre les abus du pouvoir, non à l'impliquer dans la cité indépendamment de tout pouvoir.
Concrètement, la protection de la liberté par les lois civiles suppose un gouvernement stable et modéré. Montesquieu a cette intuition que tout pouvoir est intrinsèquement dangereux. Il écrit : « c'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites » (XI, 4).
Pour protéger les libertés politiques, il est donc nécessaire d'imposer aux dirigeants des limites qui les empêchent de verser dans l'arbitraire. La liberté politique dépend donc de la constitution du royaume ; « elle consiste dans la sûreté » (XII, 1) ou la sécurité individuelle des citoyens. Seul le respect de la loi permet au citoyen de ne pas vivre dans l'insécurité et la crainte perpétuelle. Mais les hommes n'étant pas naturellement vertueux, le respect de la loi n'est possible que parce qu'il existe un équilibre des forces dans la société entre le roi, les nobles et le peuple et une répartition de la puissance dans l'Etat entre les différents pouvoirs. Montesquieu propose à la place d'un pouvoir concentré un gouvernement modéré. Cette démonstration s'appuie sur une classification des régimes.
B.La classification des régimes
Dans cette démarche classique, Montesquieu considère la question du nombre comme secondaire. Il combine deux critères principaux qui permettent d'apprécier l'état d'esprit du gouvernement et non exclusivement sa forme. Le premier critère est la « nature » du gouvernement ou la manière dont le pouvoir est exercé, elle-même dépendante du respect de la loi. A partir de ce critère, Montesquieu distingue trois régimes principaux.
_ 1)- La « république » dirigée, soit par le peuple tout entier, soit par une minorité. La loi y est globalement respectée, mais il n'est pas rare qu'elle soit soumise à des débordements.
_ 2)- La « monarchie » est le pouvoir d'un seul, modéré par des lois et par le respect des corps intermédiaires.
_ 3)- Le « despotisme » caractérise le pouvoir d'un tyran agissant selon son bon vouloir, sans aucune limite.
Le second critère est le « principe » de gouvernement ou le type de sentiment politique qui fait mouvoir les dirigeants.
_ 1)- La république s'appuierait sur la « vertu », c'est-à-dire « dévouement à la communauté » ou « sens civique ».
_ 2)- La monarchie reposerait sur « l'honneur », car étant fondée sur une structure sociale hiérarchique et supposant que chacun respecte le rang qui lui est dû et aspire à s'élever.
_ Le despotisme reposerait sur la « crainte » dans la mesure où aucune loi ne peut empêcher le tyran d'agir avec cruauté.
En comparant les constitutions, Montesquieu insiste sur le rôle essentiel des corps et pouvoirs intermédiaires qui, dans la société, peuvent répartir la puissance et freiner les ambitions despotiques. Contre la souveraineté absolue, Montesquieu propose une souveraineté partagée qui tienne compte des équilibres sociaux, notamment du rôle central de la noblesse. Toutefois, Montesquieu note bien qu'une répartition des forces dans la société ne suffit pas. Ce n'est pas entre les corps sociaux qu'il convient de répartir la puissance, mais au cœur du fonctionnement même de l'Etat.
C.La répartition des pouvoirs
Comme Locke, Montesquieu est persuadé que l'agencement des institutions politiques est une garantie essentielle pour la préservation des libertés. Dans cette perspective, la « constitution » poursuit deux objectifs :
1)- assurer la stabilité et l'application effective des lois. A cet égard, la seule présence des corps intermédiaires ne suffit pas à garantir des lois fixes et établies. Il est nécessaire qu'existe un « dépôt de lois » qui aurait la charge de les rendre publiques quand elles sont faites et de les rappeler quand on les oublie. C'est là le rôle politique des parlements lorqu'ils sont indépendants.
2)- empêcher toute concentration excessive de la puissance de commandement.
Là se trouve le cœur de la thèse de L'Esprit des lois : la théorie de la « séparation des pouvoirs». Une constitution modérée repose sur une division du corps politique en plusieurs puissances distinctes et équilibrées capables de résister l'une à l'autre.
Montesquieu écrit : « pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » (XII, 2). Ce qui veut dire : la modération du gouvernement ne peut résulter que d'un aménagement constitutionnel qui combine harmonieusement les pouvoirs au sein de l'Etat (l'exécutif, le législatif, le judiciaire). Montesquieu oppose les républiques d'Italie où la concentration des pouvoirs fait le lit de l'arbitraire, à l'Angleterre , la constitution équilibrée protège les libertés politiques. La confusion des pouvoirs est la source de tous les excès : « Lorsque [...] la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point de liberté ; parce que l'on peut craindre que le même monarque ou le même sénat ne fasse des lois tyranniques [...]. Il n'y a point encore de liberté, si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice » (XI, 6).
Il convient de relativiser la notion de « séparation des pouvoirs », car L'Esprit des lois ne préconise pas une indépendance absolue des trois pouvoirs. Les puissances législative et exécutive doivent être « combinées » et « distribuées » d'une manière équilibrée. Elles sont distinctes, mais ne doivent pas être cloisonnées, car « par le raisonnement nécessaire des choses, elles sont contraintes d'aller [...] de concert » (XI,
6). Elles doivent donc collaborer. Le pouvoir législatif ne doit avoir le droit ni d'arrêter le pouvoir exécutif ni d'exécuter lui-même les lois ; néanmoins, il « a droit, et doit avoir la faculté d'examiner de quelle manière les lois qu'il a faites sont exécutées ». Quant au pouvoir exécutif, il n'a pas la « faculté de statuer » dans le domaine de la loi. Toutefois, il doit exercer en ce domaine sa « faculté d'empêcher » pour que le pouvoir législatif ne devienne pas tyrannique.
Montesquieu applique même la distinction des pouvoirs au corps législatif lui-même. Pour lui, il est préférable d'organiser le parlement en deux chambres, conformément au modèle anglais: « étant composé de deux parties, l'une enchaînera l'autre par sa faculté mutuelle d'empêcher» (XI, 6).
Quant au pouvoir judiciaire, il a un statut différent. Seul, il doit conserver une indépendance absolue pour garantir une application juste de la loi. Les juges sont des « êtres inanimés », ils ne sont que « la bouche qui prononce les paroles de la loi ». De ce point de vue, ils n'ont ni la faculté de créer la loi ni de l'exécuter. Ils veillent à l'application juste de la loi sans en modifier la force ou le sens. Aussi, doivent-ils être protégés des empiètements et influences des deux autres puissances.
La confiance de Montesquieu dans l'équilibre des pouvoirs s'inspire en grande partie de la monarchie parlementaire anglaise et défend l'élitisme social. Montesquieu est hostile à l'égard des idées démocratiques. L'aristocrate français considère que le peuple étant ignorant, est proprement incompétent dans le domaine des affaires publiques.
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Cours: | DAPFE4241 : Histoire des idéespolitiques |
Livre: | Chapitre2. Les idées politiques du moyen – âge à la renaissance |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | jeudi 1 mai 2025, 22:44 |
1 Chapitre2. Les idées politiques du moyen – âge à la renaissance
Le Moyen Âge est marqué essentiellement par l'expansion extraordinaire de la religion chrétienne, « doctrine de la foi et de salut », vouée au rachat de l'humanité. Du VIe au XIes, qui correspond à la phase historique de la « christianisation » de l'Occident, le politique perd progressivement son autonomie et ne se définit que par rapport à la religion. Les penseurs chrétiens tirent de la parole de Jésus-Christ des conceptions politiques en établissant une frontière entre l'ordre divin (« autorités spirituelles ») et la société des hommes (pouvoirs « séculiers »). Période postérieure à celle décrite plus haut. Elle se retrouve à l'époque des grandes monarchies, au développement des grandes monarchies des 17 e et 18 e siècles. L'absolutisme est un mot qui vient d'une notion potestas absolutaqui est la puissance absolue. Au M-A c'est ce qu'on appelle l'absolutisme pontifical qui est une doctrine selon laquelle le Pape est le véritable souverain sur la Terre. C'est-à-dire qu'il est au-dessus des souverains politiques, des monarques. Cette période est suivie de la renaissance. Selon la distinction classique, le Moyen Age s'étend de la chute de l'empire d'occident en 457 jusqu'à la chute de l'empire d'Orient en 1453. Cette dernière provoque en Europe un afflux d'érudits et d'écrits. En effet, la chute de Constantinople va couper la route de l'orient et va pousser les Européens à trouver de nouvelles voies pour accéder à l'Inde et à ses épices. C'est ainsi que Christophe Colomb découvre l'Amérique en 1492. Cette renaissance est la redécouverte de l'Antiquité gréco-romaine et de ses auteurs et une relativisation du christianisme. La Renaissance commence au nord de l'Italie dans les circonstances de l'effondrement de l'empire romaine de Byzanze (réfugies) et de la diffusion de la presse et des oeuvres antiques. Partant de ces considérations historiques, les idées politiques du moyen -âge (section1) et celles de la renaissance (section2).
Section1. Les pensées politiques du moyen-âge
Le Moyen Âge n'envisage pas la vie terrestre, politique en particulier, en dehors de la volonté divine : la représentation de l'ordre social et politique découle entièrement de la vision chrétienne d'un univers soumis à Dieu. Le politique et le religieux se confondent au point que le pape rêve d'un pouvoir temporel et que les rois se voient comme des représentants de Dieu. Il y a pourtant un paradoxe : l'intimité des liens entre le politique et le religieux cohabite avec la doctrine théologique d'une séparation entre le temporel et le spirituel, entre le profane et le sacré, appelée encore la « dualité des deux sphères ».Cette doctrine trouve dans la pensée de Saint Augustin des arguments déterminants. L'idée d'une cité vertueuse ancrée sur la théologie n'est pas aussi l'apanage des penseurs chrétiens, elle aussi l'œuvre de certains penseurs musulmans. Ici l'accent sera mis sur la pensée politique chrétienne (paragraphe1) et sur celle de nature islamique (Paragraphe2).
Paragraphe 1. La pensée politique chrétienne
Dans le cadre de cette étude, nous allons analyser successivement les idées politiques de Saint augustin (A), d Thomas d'Aquin (B).
A.Saint Augustin
Chez les chrétiens le temps du cosmos est linéaire. Cette idée d'un temps linéaire s'applique aussi à la cité. C'est St Augustin qui posait la question de savoir quel est le rôle de la cité d'un point de vu théologique. Du point de vue théologique, la responsabilité de la cité est le salue des citoyens qui la compose. Par ailleurs, le modèle dominant dans la tradition de la cité est la monarchie. Le monarque est donc responsable du salue spirituel de ses sujets. Il doit donc garantir leur moralité, il doit écarter ses sujets du péché, écarte sa cité du péché. A la fin des temps on juge le monarque et ses sujets. Le salue des monarques dépend du salue de ses sujets. Sa responsabilité est donc très lourde du point de vue moral. Mais l'individu est intrinsèquement mauvais donc il n'arrivera pas à sauver tout le monde, mais il doit sauver un maximum. A la fin des temps on juge donc la Cité.
Enfin, cette théorie s'applique aussi à l'individu. On a qu'une vie dans le christianisme et il faut la réussir, c' est à dire être digne d'être sauvé à la fin des temps. Il faut être du côté des justes qui vont au Paradis. Leur parcours est donc aussi linéaire. Le christianisme n'est pas la seule doctrine impliquant une téléologie. Si on se réfère à l'occident, la théorie chrétienne est la théorie dominante jusqu'au 18e siècle. A partir de ce moment, on commence à se poser des questions notamment sur l'existence de Dieu : la philosophie de lumières. La sécularisation apparaît. Ce mot vient du mot « siècle » et on distingue le pouvoir sacerdotal, religieux et le pouvoir séculié, profane. Ce dernier est le pouvoir qui n'est pas sacré.
La sécularisation est le moment qui suit la révolution française où l'Etat s'approprie les biens de l'Eglise. Phénomène rapidement imité par les autres Etats européens. Plus largement, cette notion caractérise aussi la fin du monopole de la théologie pour penser le monde. La théorie de Dieu cesse d'être la représentation unique du monde. On pense indépendamment de Dieu représentation unique du monde. On pense indépendamment de Dieu ; mais on n'abandonne pas pour autant la théorie du temps linéaire.
Cette téléologie est la téléologie du progrès et non plus du salue. Cette idée du progrès va être Cette téléologie est la téléologie du progrès et non plus du salue. Cette idée du progrès va être trouvée dans de nombreux domaines. L'histoire va souvent être représentée avec la téléologie du progrès, trouvée dans de nombreux domaines. L'histoire va souvent être représentée avec la téléologie du progrès, comme par exemple avec l'histoire des sciences qui est l'accès des Hommes à la vérités des sciences qui est l'accès des Hommes à la vérité ; aussi, l'histoire des ; aussi, l'histoire des peuples qui est l'histoire des progrès des peuples qui est l'histoire des progrès des peuples ; l'histoire des idées politiques ....; l'histoire des idées politiques ....
B.Thomas d'Aquin et la cité idéale
Ainsi, est ce que je peux imaginer la cité idéale ?
« La philosophie est servante de la théologie » selon Thomas d'Aquin, pour lui la somme théologique est la somme du savoir possible de son époque. C'est l'idée que la théologie est une science absolue qui peut résoudre tous les problèmes de l'humanité ; en particulier à partir du concept de justice. Sa théorie suppose la réalité des idées puisqu'au fond on procède à partir des concepts. Cela explique ensuite que sa théorie soit érigée en fondement du dogme de l'Eglise. C'est sur ses idées que sont apparues la théocratie qui est la théorie officielle de l'Eglise, le gouvernement des prêtres, du clergé.
Guillaume d'Occam est un auteur, philosophe qui, lui, prend le partie de combattre la papoté. A l'époque il y avait conflit entre l'Empereur et le Pape et Guillaume d'Occam va prendre le partie de l'Empereur et va contester le pouvoir politique de la papoté. Sa théorie est qu'il faut nettement distinguer politique et religion ; le Pape ne doit s'occuper que des questions religieuses, théologiques. Pour ce qui est de la politique, il défend un ensemble d'idées, il défend la notion de droits naturels, de liberté, le principe de la propriété et il estime que ces droits sont le fondement du pouvoir politique des cités. Ainsi, il en arrive à la conclusion de l'autonomie des cités. Le Pape ne doit pas s'ingérer dans la conclusion de l'autonomie des cités. Le Pape ne doit pas s'ingérer dans la vie politique des cités.
Tout ça pour dire que dans la pensée politique, si on veut formuler des dogmes, utopies, il faut croire Tout ça pour dire que dans la pensée politique, si on veut formuler des dogmes, utopies, il faut croire à la consistance des idées.
Paragraphe2. La pensée politique islamique : la Falāsifa
« Les religions révélées avaient inauguré une nouvelle époque et instauré un nouvel ordre politico-religieux. De ce fait, elles avaient mis la tradition philosophique grecque au défi d'analyser et de rendre intelligible cet ordre fondé sur la prophétie, la révélation et la loi divine. Et l'on peut soutenir qu'Alfarabi fut le premier philosophe majeur à relever ce défi (A) avant d etre suivi postérieurement par d'autres penseurs musulmans (B).
A.Alfarabi et la cité vertueuse
L'extension des frontières politiques de la chrétienté latine durant l'époque des croisades permit aux Européens d'entrer en contact étroit avec l'Islam en Espagne, en
Sicile et en Terre Sainte. La Falāsifa ou les philosophes musulmans possédaient, en traduction arabe un vaste catalogue des oeuvres de Platon, d'Aristote et de ses commentateurs. Leur propre pensée ne peut pas être ignorée dans un cours d'histoire des idées politiques au Moyen Age, ne serait-ce que parce que c'est sous l'influence d'Ibn Rushd de Cordoue (Averroès), en Andalousie, au XIIe siècle, que s'effectua un renouveau important de l'aristotélisme. Des commentaires sur les œuvres d'Aristote, écrits par son plus grand interprète musulman, Ibn Rush, furent traduits à partir des années 1220 et 1230. On sait tout ce que la philosophie européenne doit à la philosophie arabe et islamique. Une dette énorme. D'une façon claire et catégorique, James Henderson Burns affirme :
« Déjà, au cours du siècle, particulièrement en Espagne, les lettrés latins se prenaient d'un intérêt considérable pour le savoir arabe, et la vie intellectuelle de l'Occident latin fut profondément influencée par l'afflux successif de lots de traductions latines d'ouvrages philosophiques et scientifiques d'origine musulmane, juive et grecque. Dans les siècles antérieurs, la partie connue de la pensée grecque et romaine ancienne s'était acclimatée à l'Occident latin, mais le nombre des ouvrages accessibles s'accrut de beaucoup, au XIIe et XIIIe siècles, grâce à de nouvelles traductions. De plus, les œuvres et les commentaires arabes en traductions latine furent étudiés avec passion en Occident. » .
Toutefois, la philosophie arabe ne s'est pas limitée à contribuer à élargir la culture aristotélicienne de l'Occident latin. Du reste, la pensée politique de la Falāsifa, après Al-
Farabi (mort en 950), fut plus platonicienne qu'aristotélicienne. Les musulmans se tournaient davantage vers Platon pour ce qui concernait la société et le droit, mais ils s'inspiraient d'Aristote pour la logique, la métaphysique, la psychologie et l'éthique. « Durant la période classique de la philosophie islamique - du Xeau XIIe siècle -, la philosophie politique fut une activité dominante et non pas marginale : la Falāsifa intégra la conception platonicienne du roi-philosophe et législateur à la conception musulmane du prophète, dans le cadre d'un Etat religieux idéal. Les penseurs islamiques rencontrèrent donc les conceptions politiques grecques et ils les transformèrent pour en faire une partie intégrante de leur propre enseignement général» .
Au XIIe siècle, le principal interprète islamique de Platon et d'Aristote, avant Ibn Rush, fut au Moyen Age Abû Nasr al-Farabi (870-950), qui vécut à Bagdad et en Syrie. Ce dernier s'efforça de résumer la philosophie de Platon et d'Aristote et de lui donner un sens dans le cadre de la religion révélée de l'Islam. Il écrivit des commentaires de la République et des Lois de Platon. Pour lui, l'objet de la science politique était de caractériser les différents genres d'Etats et de dirigeants et de rechercher les causes du bonheur ainsi que les moyens de l'atteindre par l'exercice du gouvernement vertueux (par opposition à ignorant) de la cité ou de la nation. « Il s'enquit des éléments constitutifs de la communauté islamique - les ndirigeants, la loi, les différents genres d'Etats -, et il soutint que les fonctions de prophète, de législateur, de philosophe et de dirigeant ne différaient pas l'une de l'autre et qu'elles devaient être rassemblées en une seule personne, dans un caliphe idéal, qui serait à la fois prophète-législateur-imam et (sous l'inspiration de Platon) roi-philosophe. Il proposait ainsi une théologie politique où religion et philosophie se rencontraient, et qui rendait possible une étude méthodique. Il insistait encore sur le rôle actif que les philosophes devaient jouer dans les questions juridiques et politiques et il rêvait, comme Dante devait le » faire, d'une société universelle fondée sur la foi commune et placée sous un seul dirigeant, un prophète-philosophe» .
Al-Farabi situait la science politique dans les sociétés qui ont une religion révélée par mode de prophétie, celles qui établissent des rapports harmonieux entre philosophie, révélation et loi humaine et qui possèdent des visées spirituelles. Al-Farabi exposait la philosophie et la pensée politique de la Grèce ancienne, notamment celle de Platon et réfléchissait sur la guerre sainte ou jihad. Il proposait aussi une analogie entre l'Etat et le corps humain.
B.Les penseurs musulmans postérieurs à Alfarabi
Les penseurs musulmans postérieurs à Al-Farabi ne partageaient complètement sa conviction qu'un philosophe devrait s'efforcer de conduire les citoyens d'une nation à une union avec les êtres spirituels et au bonheur suprême.
Ibn Sina (Avicenne : 980-1037), qui devait beaucoup à Al-Farabi, n'allait pas jusqu'à identifier prophète et roi-philosophe. Il attribuait au prophète la double tâche de pourvoir au gouvernement et à la philosophie politique. Pour lui, il y a deux parties dans la philosophie politique : l'une s'intéresse à la royauté, l'autre à la prophétie et au besoin que l'homme a de la loi divine. Parmi les philosophes musulmans espagnols,
Ibn Baja de Saragosse (Avempace, mort en 1138) tirait de son étude de Platon la conclusion que la cité idéale est irréalisable : elle ne pourrait exister que si chaque citoyen atteignait d'abord la plénitude de l'existence humaine. Les philosophes, confrontés aux problèmes de la vie dans un Etat imparfait, ne sauraient trouver le bonheur que dans la solitude et le gouvernement d'eux-mêmes, après s'être retirés de la vie publique et s'être soustraits au besoin de recourir à des médecins et à des juges.
Ibn Tufail de Cadiz (1100-1184/1185) soutenait pareillement que le genre de vie des philosophes était incompatible avec la vie de la multitude.