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cours : Analyse de la pauvreté

1 Analyse de la pauvreté

1.3 Notion de seuil de pauvreté

Un seuil de pauvreté (ou ligne de pauvreté) est un niveau de bien-être en dessous duquel un ménage ou une personne déterminée sera considérée comme pauvre. Les lignes de pauvreté sont des points limites qui séparent les pauvres des non pauvres. Elles peuvent être de nature monétaire (par exemple, un certain niveau de consommation) ou non monétaire (par exemple, un certain niveau d'éducation). L'utilisation de plusieurs lignes permet de distinguer différents niveaux de pauvreté. Le seuil de pauvreté varie fortement selon la catégorie à laquelle appartient le pays, pays développés ou pays en développement. Le seuil de pauvreté peut être défini de deux manières : le seuil de pauvreté absolue et le seuil de pauvreté relative.

3.1 Seuil de pauvreté absolue

Il s'agit d'une valeur discriminante, qualifiée comme le minimum vital à avoir par une personne pour qu'elle soit considérée non pauvre. Ce minimum vital couvre le coût d'un panier de produits alimentaires jugés nécessaires pour le maintien en bonne santé auquel s'ajoute une certaine provision pour la couverture des besoins non alimentaires. Cette définition correspond à la pauvreté absolue. Pour l'ONU, un individu est dit en état de pauvreté absolue quand il n'a pas les moyens de se procurer un "panier" de biens considérés comme indispensables à sa survie. En France, en 2002, l'estimation était d'environ 10 euros par jour. Bien que les Etats-Unis et le Canada utilisent cette méthode, celle-ci est davantage appropriée aux pays en développement. La Banque mondiale détermine deux seuils de pauvreté absolue pour caractériser la nature de la pauvreté. Le seuil de « l'extrême pauvreté » et le seuil de pauvreté générale.

Le seuil de « l'extrême pauvreté » : c'est le seuil qui ne couvre que les besoins essentiels alimentaires ou besoins de subsistance alimentaire. Il est aussi connu sous le nom de « seuil de $ 1 par jour » (en réalité il correspond à un niveau de $ 1,08 selon les prix de 1993). Ce seuil est calculé en fonction d'un panier annuel de consommation minimale pour assurer un niveau de vie tolérable. Il est utilisé dans les pays en développement et dans quelques pays développés comme les Etats-Unis. Pour la Banque mondiale, l'extrême pauvreté se situe à 1,25 dollar par jour (selon les prix de 2005). Le nombre de personnes vivant sous ce seuil est souvent difficile à évaluer : (manque de statistiques détaillées, - prise en compte des activités non marchandes (autoconsommation), accès à des services publics). Pour que des comparaisons internationales puissent être effectuées en s'affranchissant du pouvoir d'achat des différentes devises, les seuils de pauvreté sont exprimés en parité de pouvoir d'achat. Le seuil de « l'extrême pauvreté » est aussi appelé seuil de pauvreté alimentaire (SPA) correspond à la dépense minimale nécessaire à un individu ou un ménage pour se procurer un panier de biens alimentaires qui respecte à la fois les normes nutritives d'un régime alimentaire équilibré (2400 Kcal/jour par équivalent adulte) et les habitudes de consommation de la population.

Le seuil de « pauvreté générale » : c'est le seuil qui couvre les besoins essentiels alimentaires et certains besoins essentiels non alimentaires. Il correspond au Le seuil de pauvreté global est obtenu en faisant la somme des seuils de pauvreté alimentaire et non alimentaire (SPA et SPNA). Le seuil de pauvreté non-alimentaire (SPNA) correspond à la dépense minimale nécessaire à l'acquisition des biens non-alimentaires et les services publics essentiels à la population. Il est estimé (i) en calculant l'importance relative des dépenses non-alimentaires par rapport aux dépenses alimentaires pour l'ensemble des ménages et (ii) en multipliant le seuil de pauvreté alimentaire déterminé par le ratio calculé précédemment. Il est aussi connu sous le nom de « seuil de $ 2 par jour » qui est égal au double du seuil de « l'extrême pauvreté ».

Le choix de l'un ou de l'autre dépend du niveau de développement. S'agissant des pays à revenu intermédiaire, comme l'Amérique latine ou certains pays d'Asie, le second seuil est considéré comme étant un meilleur indicateur de la pauvreté réelle des populations. Le premier seuil est, quant à lui, adapté aux pays les moins avancés, dont l'Afrique subsaharienne.

3.2 Le seuil de pauvreté relative

Il est égal à une proportion ou pourcentage du niveau de vie médian ou moyen du pays dans lequel on se trouve. Le revenu ou la consommation sont les principales variables utilisées pour approcher le niveau de vie. En France, l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) considère qu'un ménage est pauvre si son revenu est inférieur à 50% du revenu médian français. Au sein de l'Union européenne, Eurostat fixe ce seuil à 60%. Cette méthode donne une connaissance objective de la pauvreté ressentie par une fraction de la population, mais mesure surtout les inégalités dans la répartition des revenus.

Étant donné que de larges proportions des populations habitant dans les pays en développement survivent avec le strict minimum ou moins encore, le choix d'une ligne de pauvreté absolue plutôt que relative s'avère souvent plus indiqué.

En dernière analyse, le choix d'une ligne de pauvreté est arbitraire. Afin d'assurer une large compréhension et l'acceptation d'une ligne de pauvreté, il est important que celle-ci soit choisie en accord avec les normes sociales et la notion généralement admise d'un minimum vital. Par exemple, il peut être logique d'utiliser, dans certains pays, le salaire minimum ou la valeur d'un avantage social existant et largement admis comme le minimum vital. L'utilisation de données qualitatives peut également s'avérer avantageuse au moment de décider des produits à intégrer dans le panier des besoins fondamentaux pour la construction d'une ligne de pauvreté absolue.

Quelle que soit la méthodologie retenue, les lignes de pauvreté comporteront toujours une forte connotation arbitraire ; par exemple, le seuil calorique retenu dans les deux cas peut être considéré comme variant avec l'âge. Le classement ordinal du bien-être, essentiel à la définition d'un profil de la pauvreté, est plus important que le classement cardinal qui situe simplement un ménage au-dessus ou en dessous de la ligne. Pour les comparaisons en fonction du temps, cependant, la stabilité et la cohérence de la ligne de pauvreté doivent être assurées.